Préface - IMO

Huiles végétales et fiouls lourds. Deux études de cas : Allegra et Erika
Le travail était lent mais facile grâce à l’accessibilité des plages. Des camionnettes passaient
régulièrement collecter les sacs pleins afin de les porter à la décharge. Ce travail rendit les plages
propres en l’espace d’une semaine. A l’inverse, à Sark, une île bordée de falaises qui rendent l’accès
aux plages très difficile et l’évacuation de sacs pratiquement impossible, rien ne fut fait pour lutter
contre la pollution. Pourtant, la majorité de l’huile avait disparu quelques jours après son arrivée. Sur
la presqu’île du Cotentin, les blocs furent aussi laissés sur les plages à l’action des vagues et du vent.
La plupart d’entre eux disparurent rapidement, mais certains étaient seulement recouverts de sable et
réapparurent ultérieurement.
Après l’accident de l’Erika, 5 000 professionnels et volontaires travaillèrent sur les côtes. Des
opérations de nettoyage classiques furent entreprises sur les sites très pollués, mais elles furent
ralenties par de constants arrivages. Le travail était difficile car le pétrole adhérait aux gants et aux
appareils mécaniques. 200 000 tonnes de déchets constitués majoritairement de sable et de cailloux
furent récoltés. Le nettoyage final nécessita l’utilisation des jets à haute pression.
Impact environnemental
Le tableau 3 résume les conséquences des deux pollutions sur la faune et la flore marines, ainsi
que sur les activités maritimes.
Allegra
Erika
Oiseaux
De traces de becs sur les blocs
d’huile révèlent que l’huile de
palmiste a servi de source de
nourriture pour les oiseaux
60 000 oiseaux tués
Benthos
Mollusques
800 tonnes d’huile ont disparu :
impact possible sur le benthos
par recouvrement
Aucun dommage signalé
La production de coquillages et
des zones de pêche ont été
fermées sur la base
d’observations visuelles et
d’analyses.
La production locale de sel a été
suspendue.
Tableau 3 : conséquences des pollutions de l’Allegra et de l’Erika sur la faune et la flore marines
Les conséquences environnementales de la pollution par huile de palmiste ne furent pas
importantes grâce à l’état solide du produit. Il devint même une source de nourriture pour les oiseaux
qui s’en délectèrent. L’accident ne gêna pas les pêcheurs. Cependant, la disparition de la plus grande
partie de l’huile (plus de 800 des 900 tonnes déversées) laisse penser qu’elle a pu sédimenter et
provoquer des dommages au benthos en formant une couche imperméable empêchant les échanges
gazeux. La dispersion des blocs sous l’effet des courants ne permit pas de vérifier ce point mais
empêcha très vraisemblablement le recouvrement total d’une zone par des blocs d’huile. De plus, la
faible température observée au mois d’octobre permit de préserver l’environnement. En effet, en été,
les blocs d’huile auraient probablement fondu sur les plages et sur l’eau et auraient donc causé les
mêmes dommages que les huiles végétales liquides, en engluant les oiseaux et les mollusques tels que
les huîtres et les moules, comme cela fut observé après des pollutions par les huiles de poisson, de
soja, de colza ou de tournesol (Percy FitzPatrick Institute of African Ornithology, 1974 ; McKelvey et
al., 1980 ; Smith et Herunter, 1989 ; Mudge, 1995).
A l’inverse, la très haute viscosité du fioul déversé par l’Erika entraîna la mort de 60 000 oiseaux.
De plus, des installations ostréicoles furent touchées par la pollution et la production de sel dut être
suspendue afin de préserver la haute qualité du produit.
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