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Préface - IMO

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Biodégradation du fuel de l’Erika<br />

des chromatogrammes ne varie pas, ce qui indique que les composés polycycliques saturés et<br />

aromatiques lourds constituant l’UCM ne sont pas attaqués.<br />

Les composés les plus dégradés sont les pics du fluxant et les n-alcanes. Dans la fraction<br />

aromatique, les HAP et HAP alkylés du résidu de distillation sont dégradés à 16%. Dans le détail<br />

(tableau 2), on observe que le taux de biodégradation des types aromatiques diminue lorsque le poids<br />

moléculaire augmente. Les monoaromatiques (alkylbenzènes) et diaromatiques (méthylnaphtalènes)<br />

du fluxant sont rapidement et totalement dégradés. Les HAP et HAP alkylés intermédiaires<br />

(phénanthrènes et dibenzothiophènes) sont assimilés à des degrés divers, le taux de biodégradation<br />

diminuant avec le nombre de substitutions. Les alkylchrysènes (méthyl- à triméthylchrysènes) ne sont<br />

pas attaqués significativement. A ce titre, ils peuvent être considérés comme d’excellents indicateurs à<br />

long terme de la pollution par le fuel de l’Erika.<br />

Prélèvements de terrain<br />

La illustration 2 montre l’évolution du fuel dans le milieu naturel. Après 10 mois, le fuel fixé sur<br />

les rochers a perdu la totalité du fluxant du fait des phénomènes d’évaporation, de dissolution et de<br />

biodégradation. En revanche, le résidu lourd n’a pas évolué et aucun indice de biodégradation n’est<br />

visible. Au bout de 21 mois, un début de biodégradation est observé de par la diminution des n-<br />

alcanes. Le processus n’est toutefois pas encore achevé. Dans les boulettes prélevées après 15 mois, la<br />

biodégradation est achevée et le résidu est de composition identique à celui observé dans les essais de<br />

laboratoire (illustration 1).<br />

CONCLUSIONS<br />

Le fuel de l’Erika est très peu biodégradable, la biodégradabilité totale étant de l’ordre de 10%.<br />

Les composés dégradables sont essentiellement les produits légers constituant le fluxant, les n- et isoalcanes<br />

ainsi qu’une partie des aromatiques résolus par GC.<br />

Ces résultats sont en accord avec les données de la littérature (Leahy & Colwell, 1990 ; Atlas,<br />

1984), et la faible biodégradabilité du fuel de l’Erika était prévisible sur la base des analyses de sa<br />

composition chimique initiale (Benkimoun, 2000). A titre de comparaison, un pétrole brut arabian<br />

light de type Amoco Cadiz est dégradé à plus de 65% dans des conditions analogues (Oudot, 1984), et<br />

un gasoil à plus de 85% (Chaîneau et al., 1995).<br />

Les résultats obtenus dans les conditions optimisées des essais de laboratoire doivent être<br />

considérés comme le maximum possible qui peut être atteint dans le milieu naturel. In situ, le temps<br />

nécessaire pour parvenir au stade final de la biodégradation sera fonction des paramètres biologiques<br />

et physico-chimiques de l’environnement local. Sur le terrain, la cinétique de la biodégradation est<br />

liée à la biodisponibilité du fuel pour les microorganismes. La biodégradation est plus rapide lorsque<br />

le fuel est intimement mélangé à du sable comme dans les boulettes que lorsqu’il se trouve sous forme<br />

de plaques épaisses comme celui adhérent aux rochers. Dans ce dernier cas la biodégradation n’est<br />

pas achevée au bout de deux ans. Un autre point à souligner est que la population microbienne des<br />

sables contaminés ramassés sur les plages de Loire-Atlantique contient des souches indigènes aptes à<br />

la biodégradation des HC, les résultats obtenus avec le sable seul étant identiques à ceux observés<br />

avec la microflore active de référence.<br />

Ceci indique que la biodégradation dans le milieu naturel de ce type de fuel est très faible et que<br />

les techniques classiques de biorestauration seront inutiles et inopérantes, qu’il s’agisse de traitements<br />

par des fertilisants ou d’ensemencement par des microorganismes sélectionnés. Il apparaît peu réaliste<br />

d’envisager une hypothétique accélération d’un processus qui est de très faible ampleur et qui se<br />

déroulera naturellement sans intervention extérieure.<br />

REFERENCES<br />

AFNOR (éd.), 1990. Norme NF T 90-347. Essais des eaux - Produits dispersants - Evaluation en<br />

milieu aqueux de l’action inhibitrice sur la biodégradabilité du pétrole, Paris.<br />

Atlas R.M. (éd.), 1984. Petroleum microbiology. Macmillan Publishing Company, New York.<br />

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