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Préface - IMO

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BIODEGRADATION DU FUEL DE L’ERIKA<br />

Jean Oudot<br />

Muséum National d’Histoire Naturelle, Laboratoire de Cryptogamie,<br />

12 rue Buffon, 75005 Paris, France.<br />

Ronan Jézéquel<br />

Stéphane Le Floch<br />

François-Xavier Merlin<br />

CEDRE. Rue Alain Colas, B.P. 20413 , 29604 Brest CEDEX, France.<br />

RESUME<br />

La biodégradation microbienne du fuel de l’Erika a été étudiée par chromatographie en phase<br />

gazeuse et par spectrométrie de masse dans des cultures de laboratoire sur une période de 80 jours<br />

ainsi que dans le milieu naturel. Dans les essais de laboratoire, la biodégradabilité totale s’élève à<br />

11%. Les produits dégradables sont les composés du fluxant, les n-alcanes et la plupart des alcanes<br />

ramifiés. Une partie des hydrocarbures aromatiques polycycliques HAP et HAP alkylés est dégradée<br />

(alkyl-naphtalenes, phénanthrènes et dibenzothiophènes) alors que d’autres types moléculaires<br />

aromatiques s’avèrent beaucoup plus résistants à la biodégradation (alkyl-chrysènes). Sur le terrain,<br />

des prélèvements de fuel adhérent aux rochers sur le site du Croisic ont été régulièrement analysés.<br />

Des boulettes de fuel ont également été récoltées sur une plage de Pornichet. La biodégradation dans<br />

le milieu naturel suit la même évolution que dans l’essai de laboratoire mais elle est beaucoup plus<br />

lente, fonction de la biodisponibilité du fuel. La très faible biodégradabilité du fuel de l’Erika<br />

s’explique par sa composition chimique. Il s’agit d’un produit riche en composés intrinsèquement<br />

résistants ou réfractaires à l’activité microbienne de biodégradation : résines, asphaltènes et<br />

hydrocarbures polycycliques saturés et aromatiques lourds. Les techniques classiques de<br />

biorestauration seront inefficaces sur ce type de produit pétrolier.<br />

INTRODUCTION<br />

Le 12 décembre 1999, le pétrolier Erika transportant 30 000 tonnes de fuel lourd se brisait au<br />

large de Penmarc’h (Finistère sud, France). Les premiers arrivages d’hydrocarbures HC à la côte<br />

furent observés le 23 décembre. L’impact le plus important a eu lieu fin décembre sur les côtes de<br />

Loire-Atlantique.<br />

Le fuel de l’Erika peut être considéré comme représentatif des fuels lourds transportés par voie<br />

maritime. Les résultats obtenus dans cette étude pourront être étendus à d’autres contaminations<br />

provoquées par ce type de produits pétroliers.<br />

La biodégradation microbienne des hydrocarbures est considérée comme le principal processus<br />

d’épuration des sites pollués par les hydrocarbures. C’est ce qui avait été observé à la suite du<br />

naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978 (CNEXO, 1981). Les mécanismes régissant la biodégradation<br />

sont bien connus (Leahy & Colwell, 1990 ; Atlas, 1984). Parmi les facteurs affectant la<br />

biodégradabilité d’un produit pétrolier, sa composition chimique initiale est un paramètre majeur.<br />

Tout produit pétrolier est composé d’un mélange de constituants individuels dont certains sont<br />

totalement biodégradables et d’autres intrinsèquement résistants ou réfractaires à la biodégradation<br />

(Oudot, 1984 ; Oudot et al., 1998), tous les intermédiaires étant représentés. La part relative de ces<br />

différents types de structures moléculaires détermine la biodégradabilité maximale du produit.<br />

Dans cette étude, la biodégradabilité du fuel de l’Erika est étudiée dans les conditions optimisées<br />

du laboratoire sur une période de 80 jours. Ces résultats sont comparés aux observations réalisées sur<br />

le terrain jusqu’à deux ans après l’accident.<br />

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