ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications
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<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | cHanGEMEntS EnvironnEMEntauX<br />
80<br />
7.5 Comblement des lacunes du<br />
cadre juridique et normatif<br />
On connaît bien, aujourd’hui, les lacunes que<br />
présente le cadre juridique et normatif touchant<br />
aux migrations environnementales, grâce aux<br />
analyses systématiques qui ont été conduites<br />
sur le sujet 144 . L’une des plus graves est l’absence<br />
d’accord sur ce qu’il convient d’entendre par<br />
personnes qui migrent en raison des effets des<br />
changements environnementaux. L’OIM emploie<br />
l’expression « migrants environnementaux »,<br />
définie ainsi :<br />
On appelle migrants environnementaux<br />
les personnes ou groupes de personnes<br />
qui, pour des raisons impérieuses liées à<br />
un changement environnemental soudain<br />
ou progressif influant négativement sur<br />
leur vie ou leurs conditions de vie, sont<br />
contraintes de quitter leur foyer habituel<br />
ou le quittent de leur propre initiative,<br />
temporairement ou définitivement, et<br />
qui, de ce fait, se déplacent à l’intérieur<br />
de leur pays ou en sortent 145 .<br />
L’expression n’est toutefois pas universellement<br />
acceptée, et les définitions divergent ; une<br />
première mesure utile pour combler les lacunes<br />
consisterait donc à s’entendre sur les termes et<br />
sur leur sens.<br />
On observe également plusieurs faiblesses en<br />
ce qui concerne la protection des populations<br />
touchées. Les migrants environnementaux<br />
transfrontières, par exemple, n’entrent ni<br />
dans les catégories visées par les Principes<br />
directeurs relatifs au déplacement de personnes<br />
à l’intérieur de leur propre pays (puisqu’ils ont<br />
franchi une frontière), ni dans les cadres actuels<br />
de protection des autres migrants ou réfugiés<br />
internationaux, qui ne mentionnent pas les<br />
facteurs environnementaux comme motif de<br />
migration. Des mesures spéciales ont parfois<br />
été prises pour protéger les personnes qui se<br />
rendent temporairement dans un autre pays,<br />
mais les besoins de celles qui sont contraintes de<br />
s’expatrier de manière définitive ne sont toujours<br />
pas pris en considération.<br />
Le défi que doit relever la communauté<br />
internationale en matière de renforcement des<br />
capacités consiste à consolider le cadre juridique<br />
144 Zetter (2009).<br />
145 OIM (2007).<br />
et normatif afin de combler ces lacunes. Plusieurs<br />
options sont envisagées : adapter ou renforcer<br />
les normes et instruments existants, formuler<br />
des directives à caractère non obligatoire sur<br />
les migrations environnementales, ou adopter<br />
une convention ou un instrument contraignant.<br />
Comme on l’a souligné, une approche<br />
consensuelle pourrait ouvrir la voie à l’élaboration<br />
de lois et politiques nationales, raison pour<br />
laquelle cette tâche est jugée prioritaire.<br />
L’application, à l’échelle nationale, des Principes<br />
directeurs relatifs au déplacement de personnes<br />
à l’intérieur de leur propre pays offre un<br />
modèle utile pour l’adoption de directives à<br />
caractère non obligatoire. A l’heure actuelle,<br />
une trentaine de pays ont élaboré des lois<br />
ou politiques concernant les déplacements<br />
internes, en suivant quatre grands types de<br />
démarches 146 . La première approche consiste à<br />
rédiger un texte bref qui approuve simplement<br />
les Principes directeurs, tel que l’instrument<br />
d’adoption d’une page déposé par le Libéria.<br />
L’incorporation de l’intégralité des Principes<br />
directeurs peut sembler un bon moyen d’assurer<br />
la mise en œuvre de toutes les dispositions<br />
énoncées, suggérant un accord absolu avec<br />
celles-ci et empêchant leur dilution. Cela limite,<br />
en revanche, la probabilité d’adopter une loi qui<br />
réponde davantage aux besoins des pouvoirs<br />
publics, des organismes gouvernementaux,<br />
de la société civile et des personnes déplacées<br />
elles-mêmes. La deuxième approche consiste à<br />
adopter une loi ou une politique concernant un<br />
motif particulier de déplacement ou une étape<br />
précise du processus. Ainsi, la Politique nationale<br />
indienne sur la réinstallation et la réhabilitation<br />
des familles touchées par de grands projets ne<br />
s’intéresse qu’aux déplacements résultant de<br />
plans d’aménagement. Les Normes angolaises<br />
relatives à la réinstallation des populations<br />
déplacées à l’intérieur du territoire, tout comme<br />
les lois et politiques adoptées par l’Azerbaïdjan,<br />
la Bosnie-Herzégovine, la Colombie, le Népal<br />
et la Serbie, ne concernent que le retour et la<br />
réinstallation. Troisièmement, on peut élaborer<br />
une loi ou une politique visant à protéger<br />
certains droits des personnes déplacées ; c’est<br />
le cas de la Loi turque sur la compensation des<br />
dommages causés par le terrorisme et la lutte<br />
anti-terroriste, ou de la Loi sur le redressement<br />
de l’éducation après un ouragan, adoptée par<br />
les Etats-Unis d’Amérique après le passage<br />
de l’ouragan Katrina, qui traite, entre autres,<br />
des besoins des étudiants et des enseignants<br />
146 Wyndham (2007).