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ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications

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démocratique, social et économique à faciliter<br />

la naturalisation de la population étrangère<br />

qui séjourne pendant une longue période sur<br />

son territoire, en particulier les enfants nés<br />

dans le pays. Pour leur part, les immigrants qui<br />

souhaitent s’installer de manière définitive ont<br />

intérêt à prendre la nationalité du pays dans<br />

lequel ils résident et à accepter l’ensemble des<br />

droits et obligations qui l’accompagnent, dont<br />

la possibilité d’entrer dans la fonction publique,<br />

le droit de circuler librement et l’intégralité<br />

des droits démocratiques. L’acquisition de la<br />

nationalité lève les obstacles juridiques à une<br />

pleine participation civique, dont elle est une<br />

forme en soi, et vient grandement épauler<br />

l’intégration.<br />

Les stratégies d’intégration adoptées dans<br />

la plupart des pays d’immigration récents<br />

présentent de profondes lacunes sur le plan de<br />

la naturalisation, en partie parce qu’il existe peu<br />

de normes internationales sur la question. Ainsi,<br />

dans les Etats membres de la Communauté de<br />

développement de l’Afrique australe, les lois<br />

nationales relatives à la citoyenneté énoncent<br />

des règles contradictoires et limitent souvent les<br />

droits des enfants de migrants. Des études sur<br />

les politiques et taux de migration dans le monde<br />

développé révèlent que la majorité des nonnationaux<br />

acquièrent la nationalité dans les pays<br />

classiques d’établissement, tels que l’Australie<br />

et le Canada, qui font valoir l’intérêt public<br />

d’encourager le partage de la citoyenneté. En<br />

Europe, au contraire, une très faible proportion<br />

de la population d’origine étrangère entreprend<br />

la démarche, faiblesse importante à laquelle<br />

la Commission européenne a recommandé<br />

de remédier. Nombre de pays européens<br />

adoptent des politiques qui cherchent à intégrer<br />

davantage les migrants en leur octroyant le<br />

statut de résident permanent, sans faciliter<br />

toutefois l’accès à la nationalité. Beaucoup de<br />

pays en développement rendent la naturalisation<br />

toujours plus onéreuse, voire impossible, pour les<br />

immigrants et leur descendance. La population<br />

de non-nationaux établis dans de multiples<br />

pays étant appelée à augmenter, il conviendra<br />

de revoir l’objet et les effets des politiques de<br />

naturalisation qui excluent une partie de cette<br />

population. Il faudra également tenir compte de<br />

la tendance à détenir deux nationalités ou plus,<br />

puisqu’un nombre grandissant de personnes<br />

sont liées à plusieurs pays dans le même temps<br />

ou à des moments différents de leur existence 113 .<br />

113 http://www.iom.int/jahia/Jahia/policy-research/international-dialoguemigration/intersessional-workshops/migration-and-transnationalism/<br />

lang/fr;jsessionid=51235B087E8D8BD531BFD2232E221891.worker02<br />

La question de savoir si l’évaluation de la maîtrise<br />

de la langue, de la connaissance des droits et<br />

obligations civiques ou du degré d’« intégration »<br />

favorise la participation à la vie publique soulève<br />

un débat extrêmement politisé au sein de l’UE.<br />

Il est assez fréquent aujourd’hui d’exiger que les<br />

personnes qui demandent à être naturalisées<br />

après avoir vécu de nombreuses années dans le<br />

pays maîtrisent suffisamment la langue nationale.<br />

En 2001, l’Allemagne était le seul Etat de l’UE<br />

à imposer une telle condition aux résidents à<br />

long terme ; en 2007, elle avait été rejointe par<br />

l’Autriche, la France, la Grèce, le Luxembourg,<br />

les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Il n’est pas<br />

certain que ce genre d’exigences contribuent<br />

à l’intégration. On avance généralement que<br />

les évaluations ou « examens » incitent à<br />

apprendre la langue et d’autres faits importants<br />

sur le pays. Certains Etats les ont pourtant<br />

supprimés ou simplifiés, considérant qu’il<br />

s’agissait de facteurs dissuasifs qui élargissaient<br />

le pouvoir d’appréciation de l’administration et<br />

servaient des buts politiques sans rapport avec<br />

l’intégration. De telles pratiques pourraient tout<br />

simplement freiner la participation des résidents<br />

légaux à la vie publique. Les personnes qui ne<br />

satisfont pas aux conditions imposées ne sont<br />

pas forcément les moins intégrées ou les moins<br />

aptes à s’exprimer dans la langue du pays, mais<br />

plutôt les moins éduquées ou fortunées, les<br />

personnes âgées ou illettrées, les victimes d’un<br />

état de stress post-traumatique ou les femmes<br />

en situation de vulnérabilité.<br />

De plus en plus d’enfants nés et élevés dans le<br />

pays d’immigration de leurs parents n’auront<br />

pas les mêmes possibilités de se développer<br />

et de participer à la vie sociale que les enfants<br />

de nationaux, notamment à cause de leur<br />

nationalité. Eduqués et socialisés dans le pays<br />

de destination de leurs parents, ils composent<br />

ce que l’on appelle la deuxième ou la troisième<br />

génération issue de l’immigration ; la plupart<br />

d’entre eux estiment que le lieu où ils sont nés<br />

est un élément important de leur identité et ne<br />

connaissent aucun autre pays que celui où ils<br />

vivent. Soucieux de favoriser l’intégration, les<br />

Etats membres de l’UE ont souvent adopté une<br />

approche générationnelle dans leurs lois sur la<br />

nationalité. Le jus soli (droit du sol) signifie que<br />

le lieu de naissance des enfants d’immigrants<br />

est la condition nécessaire et suffisante pour<br />

avoir droit à la nationalité. La deuxième<br />

génération en bénéficie automatiquement dans<br />

les pays d’immigration traditionnels tels que le<br />

Canada et les Etats-Unis d’Amérique. Un droit<br />

<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | intEGration 61

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