ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications
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<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | cHanGEMEntS EnvironnEMEntauX<br />
82<br />
7.7 Modification des lois et<br />
politiques nationales relatives à<br />
l’immigration<br />
La plupart des mouvements à l’intérieur des<br />
frontières d’un Etat qui pourraient résulter de<br />
changements environnementaux entrent dans<br />
le champ d’application des Principes directeurs<br />
relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur<br />
de leur propre pays. En revanche, le cadre juridique<br />
et normatif comporte une lacune de taille (voir la<br />
section 7.6), puisqu’il n’englobe pas les migrants<br />
environnementaux transfrontières, en particulier<br />
ceux qui quittent définitivement leur pays. Même<br />
si une approche à caractère non obligatoire était<br />
adoptée pour combler cette lacune, trouver un<br />
consensus et le traduire dans les lois et politiques<br />
nationales prendrait beaucoup de temps. Il serait<br />
préférable, à plus court terme, d’amender les lois<br />
et politiques nationales relatives à l’immigration,<br />
ce qui devrait être une priorité pour les Etats<br />
qui ont une frontière commune ou de forts<br />
liens de migration avec des pays ou des régions<br />
qui risquent de subir les effets de changements<br />
environnementaux dans un avenir assez proche.<br />
Les politiques d’immigration de la majorité des<br />
pays de destination potentiels ne sont pas de<br />
nature à permettre l’accueil d’un grand nombre<br />
de migrants environnementaux, sauf si ceux-ci<br />
appartiennent à des catégories déjà reconnues<br />
(travail, regroupement familial, raisons<br />
humanitaires, etc.). Le Programme de migration<br />
de main-d’œuvre temporaire et circulaire entre<br />
la Colombie et l’Espagne est l’un des rares<br />
programmes de mobilité des travailleurs à inclure<br />
expressément les populations établies dans des<br />
zones très exposées aux catastrophes naturelles.<br />
Néanmoins, certains pays ont adopté des<br />
politiques spéciales qui permettent aux<br />
ressortissants de pays frappés par une<br />
catastrophe naturelle ou une autre tragédie<br />
de rester sur le territoire sans craindre une<br />
déportation, au moins temporairement. Les<br />
Etats-Unis d’Amérique, par exemple, ont voté en<br />
1990 une loi qui offre une protection provisoire<br />
aux personnes qui sont temporairement<br />
incapables de retourner, en toute sécurité,<br />
dans leur pays d’origine en raison d’un conflit<br />
armé, d’une catastrophe environnementale<br />
ou d’une autre situation extraordinaire et<br />
provisoire. Les catastrophes environnementales<br />
prévues sont les tremblements de terre, les<br />
crues, la sécheresse, les épidémies ou d’autres<br />
conditions qui perturbent de façon sensible,<br />
mais temporaire, les conditions de vie dans la<br />
zone touchée. Lorsqu’il s’agit d’une catastrophe<br />
environnementale, et non d’un conflit, le pays<br />
d’origine doit demander que ses ressortissants<br />
bénéficient du statut de protection provisoire 148 .<br />
Il convient de noter que ce statut ne vaut que pour<br />
les personnes qui se trouvent déjà aux Etats-Unis<br />
d’Amérique au moment de la demande. Ce n’est<br />
donc pas un mécanisme destiné à réagir à une<br />
crise qui est en train de se dérouler et qui pousse<br />
des personnes à entrer sur le territoire. En outre,<br />
il se limite aux situations appelées à changer. Si<br />
la catastrophe environnementale a des effets<br />
permanents, le statut de protection provisoire<br />
n’est pas accordé, même aux personnes qui<br />
sont déjà aux Etats-Unis d’Amérique, ou peut<br />
être annulé. Un autre point important est que<br />
la mesure est discrétionnaire et ne peut être<br />
décrétée que par le Secrétaire à la sécurité<br />
intérieure.<br />
Dans l’UE, la Directive sur la protection<br />
temporaire accorde une assistance provisoire<br />
lors de l’« afflux massif » de personnes déplacées.<br />
Cette expression renvoie aux situations dans<br />
lesquelles un grand nombre de personnes doivent<br />
se déplacer subitement et où il est impossible de<br />
traiter les demandes séparément ; l’existence<br />
d’une telle situation est déterminée au cas par<br />
cas par décision du Conseil adoptée à la majorité<br />
qualifiée.<br />
Les politiques d’immigration suédoises<br />
et finlandaises s’appliquent aux migrants<br />
environnementaux. La Suède inclut dans son<br />
régime d’asile les personnes qui ne peuvent<br />
obtenir le statut de réfugié mais qui ont besoin<br />
de protection. Ces personnes « ont quitté leur<br />
pays d’origine et ne veulent pas y retourner car<br />
elles redoutent la peine de mort ou la torture,<br />
doivent être protégées en raison d’une guerre ou<br />
de tout autre conflit grave qui sévit dans leur pays<br />
ou ne peuvent retourner dans leur pays natal à<br />
la suite d’une catastrophe environnementale ».<br />
La décision est prise à titre individuel, et non<br />
pour un groupe donné. Même si l’on présume<br />
que les bénéficiaires de ce statut n’ont besoin<br />
que d’une protection temporaire, les règles<br />
suédoises prévoient que certains puissent<br />
chercher des solutions permanentes. De même,<br />
aux termes de la Loi finlandaise sur les étrangers,<br />
« les personnes d’origine étrangère qui résident<br />
dans le pays reçoivent un permis de résidence<br />
eu égard à la protection dont elles ont besoin si<br />
148 Martin, S. (<strong>2010</strong>)