ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications
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<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | MiGration irrEGuliErE<br />
36<br />
moyens, dont les formalités d’inscription, les<br />
contrôles d’identité et les dispositifs de mise<br />
en correspondance des entrées et des sorties<br />
consignées aux frontières. Les systèmes de<br />
suivi sont coûteux ; mal appliqués, ils risquent<br />
d’enfreindre le droit à la vie privée et les libertés<br />
publiques des nationaux comme des nonnationaux,<br />
sans permettre d’identifier vraiment<br />
et utilement les personnes qui séjournent<br />
ou travaillent illégalement. Ils soulèvent des<br />
questions très délicates quand ils semblent<br />
comporter un profilage racial, ethnique ou<br />
religieux. Le profilage ne pose pas forcément de<br />
problème s’il s’appuie sur de solides informations<br />
englobant de nombreux indicateurs et s’il est<br />
complété par d’autres mesures d’exécution. En<br />
revanche, s’il se fonde sur des caractéristiques<br />
brutes, par exemple le fait d’avoir des traits ou<br />
un accent étrangers, il peut aller à l’encontre de<br />
l’effet escompté et porter atteinte aux droits de<br />
personnes innocentes.<br />
La capacité d’identifier, de placer en détention<br />
et d’éloigner les migrants en situation<br />
irrégulière est limitée dans tous les pays. Les<br />
efforts déployés dans ce sens visent souvent<br />
des groupes particuliers et des personnes qui<br />
menacent l’ordre public – terroristes, criminels,<br />
etc. Certains migrants font l’objet de mesures<br />
d’éloignement après avoir été identifiés lors d’un<br />
contrôle sur le lieu de travail ou après le rejet<br />
d’une demande d’asile ou d’immigration.<br />
Il est plus facile d’éloigner les personnes au<br />
point d’entrée que de reconduire à la frontière<br />
des migrants qui résident dans le pays depuis<br />
un certain temps. Chaque Etat a sa manière<br />
de procéder quand une personne est jugée<br />
inadmissible au point d’entrée. Aux Etats-<br />
Unis d’Amérique, par exemple, une procédure<br />
accélérée de non-admission permet aux<br />
inspecteurs de délivrer une ordonnance<br />
d’éloignement à l’encontre de tout étranger qui<br />
pénètre sur le territoire sans document, avec de<br />
faux documents ou avec des documents acquis<br />
de manière frauduleuse. La personne visée par<br />
une telle ordonnance ne peut revenir dans le<br />
pays pendant cinq ans. Les demandeurs d’asile<br />
sont les seuls qui échappent à cette procédure<br />
accélérée.<br />
La détention avant l’éloignement peut être utile<br />
car les risques de fuite des personnes visées sont<br />
grands. Différentes politiques ont été adoptées<br />
dans le monde. En Australie et aux Etats-Unis<br />
d’Amérique, la détention est automatique et<br />
peut se prolonger pendant une longue période<br />
pour plusieurs catégories d’étrangers, en<br />
particulier ceux qui arrivent sans détenir les<br />
documents requis et ceux qui ont commis des<br />
actes criminels. Dans d’autres pays, la détention<br />
est décidée au cas par cas et doit être de courte<br />
durée. La Convention européenne des droits<br />
de l’homme interdit une détention prolongée<br />
à moins qu’un Etat membre n’ait une réelle<br />
possibilité d’éloigner la personne. Toutefois, les<br />
politiques en la matière varient même au sein de<br />
l’Union européenne, et les critères relatifs à la<br />
détention arbitraire ne sont pas expressément<br />
énoncés dans le texte de la Convention.<br />
Le retour fait partie intégrante d’une approche<br />
globale de la migration irrégulière. Il doit,<br />
autant que possible, être volontaire, résulter<br />
d’une décision éclairée, se dérouler dans le<br />
respect de la dignité et offrir des possibilités de<br />
réintégration dans le pays d’origine. Pour sa part,<br />
l’expulsion coûte cher, est souvent mal perçue<br />
par la population, crée parfois des tensions<br />
dans les pays d’origine et s’attaque rarement<br />
aux racines de la migration irrégulière – ce qu’il<br />
est possible de faire en aidant, par exemple, les<br />
migrants à exercer une activité productive après<br />
leur retour. L’OIM gère depuis près de trente<br />
ans des programmes d’aide au retour volontaire<br />
et à la réintégration, qui ne s’adressent pas<br />
exclusivement aux migrants en situation<br />
irrégulière, mais aident ces derniers et les<br />
personnes dont la demande d’asile a été rejetée.<br />
Les activités conduites dans ce cadre couvrent la<br />
préparation au départ, le voyage et, surtout, la<br />
période qui suit le retour, y compris la formation,<br />
une assistance éducative et des subventions à la<br />
réintégration. Ces mesures visent fréquemment<br />
la communauté d’accueil, pas seulement les<br />
personnes qui rentrent dans leur pays.<br />
4.5 Réglementation de la migration<br />
et de l’emploi<br />
Il est important, dans le cadre d’une approche<br />
globale de la migration irrégulière, d’offrir aux<br />
employeurs la possibilité d’embaucher des<br />
travailleurs étrangers quand les nationaux ne<br />
peuvent pas ou ne veulent pas effectuer les<br />
tâches confiées à des personnes en situation<br />
irrégulière. Créer des programmes de travail<br />
légal ou augmenter le nombre et le type de<br />
permis délivrés permet aux migrants d’éviter<br />
l’illégalité. Le succès de tels programmes dépend<br />
de plusieurs facteurs : sanctions imposées en<br />
cas de travail illicite, et mesures pour inciter<br />
les employeurs à engager des travailleurs