ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications
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<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | MiGration irrEGuliErE<br />
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peuvent bénéficier d’une protection, d’une aide<br />
et d’autres services (voir l’encadré 5). De même,<br />
il faut former les procureurs, juges, policiers,<br />
douaniers, inspecteurs du travail et travailleurs<br />
sociaux pour que l’Etat soit en mesure d’offrir une<br />
protection adéquate et suffisante. Vu le nombre<br />
de femmes et d’enfants (dont des mineurs non<br />
accompagnés) qui sont concernés, ces services<br />
doivent bien sûr être adaptés au sexe et à l’âge<br />
des victimes. Ils doivent aussi être modulés selon<br />
le degré d’exploitation et d’abus qu’a comporté le<br />
trafic ou la traite, crimes différents mais souvent<br />
interreliés.<br />
Certaines mesures relevant des techniques<br />
plus larges de gestion des frontières sont<br />
très efficaces pour combattre le trafic illicite<br />
de migrants et la traite des personnes, qui<br />
impliquent fréquemment l’usage de documents<br />
frauduleux et le passage illégal d’un pays à l’autre.<br />
Mentionnons à cet égard le renforcement des<br />
formalités à l’arrivée et avant l’arrivée – contrôle<br />
préalable des passagers, détachement d’agents<br />
de l’immigration, accords sur l’information<br />
préalable des voyageurs, sanctions imposées<br />
aux transporteurs, etc. – et l’amélioration des<br />
documents personnels des migrants, dont les<br />
cartes d’identité, les codes lisibles par machine<br />
sur les passeports et documents de voyage, et le<br />
recours à la biométrie.<br />
En Australie, aux Etats-Unis d’Amérique et aux<br />
Philippines, les gouvernements ont créé des<br />
mécanismes interministériels afin d’accroître la<br />
coordination de leurs propres services dans la<br />
lutte contre ces deux fléaux, compte tenu des<br />
multiples aspects à prendre en considération.<br />
De bonnes politiques nationales doivent<br />
également associer la société civile, notamment<br />
les associations de migrants. Ainsi, une analyse<br />
des raisons pour lesquelles il serait difficile<br />
d’adopter ailleurs la démarche suivie avec<br />
succès par l’Australie pour combattre le trafic<br />
et la traite a fait ressortir que certaines de ces<br />
mesures risqueraient de créer des tensions<br />
entre les communautés ethniques, en Europe<br />
notamment 77 .<br />
4.8 Flux composites<br />
On parle de flux composites lorsque des réfugiés<br />
sont englobés dans les mouvements migratoires.<br />
Ils empruntent les mêmes moyens de transport,<br />
font appel aux services des mêmes passeurs et se<br />
procurent de faux documents auprès des mêmes<br />
fournisseurs. Ils suivent des trajets identiques<br />
77 Koser (2005).<br />
et traversent les mêmes frontières, souvent<br />
dans l’espoir d’atteindre les mêmes pays. Il est<br />
fréquent que les réfugiés soient rejoints par<br />
d’autres personnes qui ont des droits spécifiques<br />
et des besoins particuliers de protection et<br />
d’assistance, dont les victimes de la traite des<br />
personnes et les enfants non accompagnés ou<br />
séparés de leur famille. On estime généralement<br />
que ces mouvements s’intensifieront dans les<br />
prochaines années 78 .<br />
Qu’il s’agisse de réfugiés ou d’autres catégories<br />
de migrants, les personnes présentes dans<br />
les flux composites sont souvent confrontées<br />
aux mêmes dangers et atteintes de leurs<br />
droits : détention et emprisonnement dans des<br />
conditions inacceptables, sévices corporels,<br />
harcèlement racial et risque de vol, d’extorsion,<br />
d’appauvrissement et de dénuement. Les<br />
migrants qui empruntent la voie des mers<br />
s’exposent à être interceptés, abandonnés ou<br />
noyés ; ceux qui passent par les terres peuvent<br />
être renvoyés ou transférés dans un lieu distant<br />
ou dangereux. Enfin, les personnes qui perdent<br />
ou détruisent leurs papiers d’identité risquent de<br />
ne plus être capables de prouver leur nationalité,<br />
de devenir apatrides et d’avoir beaucoup de mal<br />
à rentrer dans leur pays d’origine.<br />
Plusieurs organisations et organes régionaux<br />
portent un intérêt grandissant à ce genre<br />
de flux, notamment l’OIM, la Fédération<br />
internationale des Sociétés de la Croix-Rouge<br />
et du Croissant-Rouge, plusieurs processus<br />
consultatifs régionaux (dont le Dialogue sur la<br />
migration de transit en Méditerranée), le Conseil<br />
de l’Europe et l’Union africaine. Pour sa part, le<br />
Haut Commissariat des Nations Unies pour les<br />
réfugiés (HCR) craint que les mesures nationales<br />
de lutte contre la migration irrégulière ne<br />
soient appliquées sans discernement, et qu’il<br />
ne devienne très difficile, voire impossible,<br />
pour les réfugiés d’entrer dans un pays où ils<br />
pourraient déposer une demande d’asile. Il<br />
cherche à s’assurer auprès des gouvernements<br />
et des autres parties intéressées que la volonté<br />
de gérer les migrations avec plus de fermeté ne<br />
porte pas atteinte au droit d’asile. A l’origine de<br />
cette stratégie se trouve une initiative intitulée<br />
« La protection des réfugiés et les mouvements<br />
migratoires mixtes : un plan d’action en dix<br />
points », dont les principaux éléments sont les<br />
suivants : faire en sorte que les réfugiés et les<br />
demandeurs d’asile soient identifiés dès leur<br />
arrivée et que leurs demandes soient étudiées<br />
comme il convient ; améliorer les dispositions<br />
78 Crisp (2008).