ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications
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d’enseignement, les organisations religieuses,<br />
les syndicats, les médias, etc. ont un rôle décisif à<br />
jouer en matière de gouvernance des migrations.<br />
La société civile rassemble des informations et<br />
mène des recherches qui affermissent les bases<br />
sur lesquelles reposent les politiques. Elle noue<br />
des liens avec les migrants les plus difficiles à<br />
atteindre (par exemple ceux qui sont en situation<br />
irrégulière) et procure l’assistance nécessaire en<br />
partenariat avec les pouvoirs publics. Elle milite<br />
aussi en faveur de politiques plus cohérentes 167 .<br />
L’Internationale des services publics, fédération<br />
syndicale représentant 7 millions de travailleurs<br />
des services sociaux et de la santé dans le<br />
monde, en est un bon exemple. Elle vient de<br />
lancer un programme qui vise à renforcer les<br />
capacités des syndicats du secteur public à<br />
analyser les causes, répercussions et enjeux de<br />
la migration des personnels de la santé et des<br />
services sociaux. De multiples activités sont<br />
prévues : renforcement des capacités, éducation<br />
et information, organisation et vulgarisation,<br />
partenariats bilatéraux de syndicats, activités<br />
et campagnes de sensibilisation, représentation<br />
syndicale et négociations collectives. Mis à part<br />
ses activités de terrain, la société civile s’est<br />
relativement peu engagée dans le domaine<br />
des migrations, notamment dans celui des<br />
politiques migratoires, en comparaison avec<br />
les efforts qu’elle a déployés en faveur de<br />
l’environnement et du développement. Elle a eu<br />
un impact considérable dans ces deux secteurs<br />
en contribuant à la définition des priorités<br />
internationales, à la fourniture d’informations,<br />
à l’exercice d’une « autorité morale », à la<br />
surveillance et à la recherche d’un consensus,<br />
par exemple.<br />
On a relevé divers obstacles à une participation<br />
plus large de la société civile à la gouvernance,<br />
qui ont des incidences sur le renforcement des<br />
capacités pour ces organisations elles-mêmes,<br />
les Etats et les institutions. Si la société civile a<br />
eu de la difficulté à s’engager davantage, c’est<br />
entre autres parce que les politiques migratoires<br />
couvrent un champ très vaste et sont intimement<br />
liées à d’autres domaines, tels que le commerce,<br />
le développement, l’environnement, la sécurité<br />
et la gestion des conflits. Les organisations de la<br />
société civile ayant le plus souvent des intérêts<br />
précis et particuliers, par exemple la défense<br />
des droits de l’homme, elles ne disposent pas<br />
de toute l’expertise requise pour s’intéresser<br />
aux politiques migratoires. L’une des solutions<br />
167 Chappell (<strong>2010</strong>).<br />
possibles serait de créer des mécanismes<br />
de coordination, afin d’élargir la base de<br />
l’engagement. Un autre problème courant est<br />
l’insuffisance de ressources financières. Même<br />
si elles reçoivent à l’occasion des fonds publics,<br />
il appartient généralement aux organisations<br />
d’assurer leur propre financement, d’où un<br />
besoin de renforcer les capacités en matière de<br />
collecte de fonds.<br />
De plus, il est fréquent que les Etats limitent<br />
l’accès de la société civile aux instances<br />
politiques officielles. La Commission mondiale<br />
sur les migrations internationales a fait valoir<br />
que : « […] ce processus [l’élaboration de<br />
politiques] est plus susceptible d’être efficace<br />
s’il se fonde sur une concertation de grande<br />
ampleur, […] avec [...] les diverses composantes<br />
de la société civile » et que, lorsque tel n’est pas<br />
le cas, les gouvernements devraient songer aux<br />
avantages d’établir des mécanismes officiels de<br />
consultation de la société civile 168 .<br />
Certains processus consultatifs régionaux sur<br />
la migration, que nous examinerons plus loin,<br />
disposent de solides dispositifs pour favoriser<br />
la participation des acteurs de la société civile<br />
aux dialogues sur les politiques, par exemple la<br />
Conférence régionale sur la migration (processus<br />
de Puebla), la Conférence sud-américaine sur<br />
la migration ou le Dialogue d’Abou Dhabi. Le<br />
Conseil de l’OIM et son Dialogue international<br />
sur la migration invitent les partenaires non<br />
gouvernementaux à prendre part, au même titre<br />
que les Etats, à l’élaboration et à la conduite des<br />
ateliers et des discussions de haut niveau qui<br />
sont organisés régulièrement.<br />
Le FMMD tente pour sa part d’instituer un<br />
dialogue sur les politiques migratoires entre les<br />
gouvernements et la société civile à l’échelle<br />
mondiale. Certains aspects de cette initiative<br />
novatrice pourraient facilement être repris<br />
au niveau régional ou national. A l’heure<br />
actuelle, un large éventail d’organisations se<br />
réunissent dans ce cadre avant que se tiennent<br />
les rencontres gouvernementales, examinent<br />
le même ordre du jour et formulent des<br />
recommandations importantes. La société civile<br />
peut ainsi parvenir à un consensus et s’adresser<br />
aux gouvernements, sans que le processus<br />
n’interfère avec le dialogue inter-Etats. Un<br />
certain nombre de suggestions concrètes ont été<br />
avancées en vue d’accroître l’utilité des Journées<br />
168 CMMI (2005).<br />
<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | GouvErnancE En MatiErE MiGratoirE 97