ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications
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<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | cHanGEMEntS EnvironnEMEntauX<br />
74<br />
pas être reconnus, catégorisés ou comptabilisés<br />
séparément des autres flux.<br />
Dans le même temps, un cadre analytique<br />
destiné à mieux cerner les liens qui existent<br />
entre les changements environnementaux et<br />
les migrations est en train de s’esquisser. On<br />
établit généralement une distinction entre les<br />
processus lents et les phénomènes extrêmes ou<br />
les catastrophes naturelles, par exemple entre<br />
la désertification et les crues. On reconnaît<br />
aussi plus largement que la migration n’est pas<br />
toujours la seule option face aux effets d’un<br />
changement environnemental ; dans le cas d’un<br />
phénomène à évolution lente, l’adaptation des<br />
pratiques de peuplement et d’affectation des<br />
terres permettrait aux populations de rester sur<br />
place en toute sécurité et de poursuivre leurs<br />
activités productives. Certaines personnes se<br />
déplacent pour assurer tout bonnement leur<br />
survie, d’autres pour optimiser les revenus<br />
familiaux. Par ailleurs, tous les déplacements<br />
provoqués par un changement environnemental<br />
ne sont pas de nature prolongée. Les<br />
catastrophes naturelles tendent à générer<br />
des mouvements temporaires, si la zone<br />
touchée n’est pas totalement détruite, tandis<br />
que les processus lents entraînent plutôt des<br />
déplacements de longue durée ou permanents.<br />
Nous examinerons ici les capacités qu’il convient<br />
de renforcer en matière de préparation des<br />
migrations, de migrations proprement dites et<br />
de réinstallation 132 .<br />
Il faut savoir que les décideurs, dans les pays<br />
industrialisés comme dans le monde en<br />
développement, peuvent hésiter à investir<br />
massivement dans des mesures destinées à parer<br />
aux effets des migrations potentielles induites<br />
par les changements environnementaux, vu les<br />
horizons politiques rapprochés et les incidences<br />
budgétaires sur des ressources déjà limitées,<br />
surtout s’il n’y a pas de menace immédiate<br />
pour le pays. Le rapport défend la nécessité<br />
d’un renforcement des capacités pour faire face<br />
aux difficultés que poseront les changements<br />
environnementaux, parce que les décideurs<br />
doivent être en mesure de justifier leurs choix.<br />
La première étape essentielle consiste donc à<br />
rassembler un plus large ensemble d’éléments<br />
qui démontrent les liens entre les changements<br />
environnementaux et les migrations. Le rapport<br />
analyse ensuite les efforts à déployer pour adapter<br />
et renforcer les lois et politiques existantes, plutôt<br />
132 Martin, S. (<strong>2010</strong>).<br />
que d’en élaborer de nouvelles. Troisièmement, il<br />
suggère d’apporter au cadre juridique et normatif<br />
des modifications qui soutiennent l’élaboration<br />
des futures politiques, même si cette tâche n’a pas<br />
à être entreprise sur le champ dans tous les pays.<br />
Par conséquent, le renforcement des capacités<br />
devra porter sur les dix domaines suivants :<br />
1. Amélioration de la base de connaissances ;<br />
2. Atténuation des risques de catastrophe ;<br />
3. Elaboration de stratégies d’adaptation ;<br />
4. Préparation de plans d’évacuation ;<br />
5. Comblement des lacunes du cadre<br />
juridique et normatif ;<br />
6. Application des lois et politiques nationales<br />
sur les déplacements internes ;<br />
7. Modification des lois et politiques<br />
nationales relatives à l’immigration ;<br />
8. Adoption de politiques de réinstallation<br />
proactives ;<br />
9. Fourniture d’une aide humanitaire ;<br />
10. Planification de la réinstallation.<br />
7.1 Amélioration de la base de<br />
connaissances<br />
La création d’une base de données mondiale<br />
sur les migrations imputables aux conséquences<br />
des changements environnementaux aiderait<br />
à mieux cerner les faits sur lesquels fonder les<br />
nouvelles politiques. La tâche serait considérable,<br />
ne serait-ce que la normalisation des définitions<br />
et l’élaboration d’indicateurs comparables à<br />
l’échelle internationale. Il faudrait également<br />
pouvoir compter sur la présentation de rapports<br />
nationaux, ce qui exige de grandes capacités<br />
de collecte et d’analyse des données dont sont<br />
dépourvus les pays les plus démunis 133 . Pour<br />
être véritablement utile, cet outil devrait être<br />
librement et largement accessible. Le mieux serait<br />
peut-être de confier ce projet à une organisation<br />
internationale, comme l’OIM, une institution des<br />
Nations Unies ou, idéalement, un partenariat<br />
interorganisations. L’OIM a d’ailleurs proposé<br />
que soit créée une commission indépendante<br />
sur les données relatives aux migrations et à<br />
l’environnement, qui rassemblerait les experts<br />
et représentants d’agences concernées, en vue<br />
d’élaborer des directives pratiques sur la collecte<br />
et l’échange de données. Le partenariat mondial<br />
Climate change, Environment and Migration<br />
Alliance recommande lui aussi d’intégrer<br />
133 OIM (2009b).