ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications
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<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | MiGration irrEGuliErE<br />
30<br />
à tout le moins. Les deux phénomènes seraient<br />
en expansion selon la plupart des analystes, vu<br />
les énormes profits qu’ils génèrent et malgré les<br />
mesures prises pour les combattre, comme on le<br />
verra plus loin (la carte 6 montre les pays qui ont<br />
signé ou ratifié le Protocole de Palerme contre<br />
la traite des personnes). Soulignons également<br />
que, si l’illégalité est une décision ou un choix<br />
délibéré pour certains, beaucoup se retrouvent<br />
en situation irrégulière à cause d’obstacles<br />
administratifs ou faute d’information. Le<br />
problème se pose avec d’autant plus d’acuité que<br />
les procédures adoptées par la plupart des pays<br />
pour régir les différentes formes de migration ne<br />
tendent pas à se simplifier.<br />
Les enjeux actuels et futurs de la migration<br />
irrégulière ne découlent pas uniquement de la<br />
hausse du nombre de personnes concernées.<br />
Le phénomène est de plus en plus complexe car<br />
de nombreuses voies mènent à l’illégalité, mais<br />
aussi parce qu’il est difficile de distinguer les<br />
besoins et les droits des différentes catégories<br />
de personnes qui se déplacent sans autorisation,<br />
comme les demandeurs d’asile et les mineurs non<br />
accompagnés. La question est particulièrement<br />
délicate dans les pays de transit. On verra dans<br />
la section 7 que les effets des changements<br />
environnementaux ajoutent encore à cette<br />
complexité – puisque les personnes qui migrent<br />
pour ces motifs bénéficient d’une protection<br />
juridique incertaine et inégale.<br />
En substance, la migration irrégulière doit être<br />
endiguée parce qu’elle contrevient à la primauté<br />
du droit et impose un lourd tribut aux migrants<br />
eux-mêmes. Les pays qui tolèrent la présence<br />
d’un grand nombre de personnes en situation<br />
irrégulière mettent à mal leurs propres régimes<br />
de migration légale. Le droit perd beaucoup<br />
de sa force quand on laisse les migrants, les<br />
passeurs et les trafiquants contourner les règles<br />
censées déterminer qui est autorisé à entrer<br />
sur le territoire, à quelle fin et pour combien<br />
de temps. De plus, la migration irrégulière<br />
rend la population plus méfiante à l’égard de<br />
l’immigration en général. L’image négative du<br />
public est souvent due au sentiment que le<br />
gouvernement ne maîtrise plus les admissions.<br />
Une forte migration irrégulière peut donc avoir<br />
des conséquences fâcheuses pour la migration<br />
régulière elle-même 53 . Elle ébranle l’Etat de droit<br />
par d’autres mécanismes encore. D’ordinaire, le<br />
trafic illicite de migrants n’est vraiment possible<br />
qu’avec l’aide de fonctionnaires corrompus dans<br />
53 CMMI (2005).<br />
les pays d’origine, de transit et de destination. Le<br />
phénomène prospère si l’on peut se procurer de<br />
faux documents ou des documents volés, ce qui<br />
encourage l’usurpation d’identité. De nombreux<br />
migrants en situation irrégulière travaillent dans<br />
les secteurs informels de l’économie, où les<br />
employeurs enfreignent le droit du travail avec<br />
une relative impunité, puisqu’il est improbable<br />
que les intéressés portent plainte auprès des<br />
pouvoirs publics.<br />
A ces préoccupations s’ajoute le coût humain<br />
payé par les personnes qui empruntent des<br />
voies illégales pour entrer dans un pays, ou qui<br />
restent sur le territoire sans en avoir le droit.<br />
La migration clandestine n’est pas sans danger,<br />
comme l’atteste le nombre de décès en mer<br />
Méditerranée ou le long de la frontière entre<br />
le Mexique et les Etats-Unis d’Amérique. Les<br />
migrants risquent leur vie quand ils traversent<br />
un désert, s’entassent dans un conteneur ou<br />
montent à bord d’un bateau hors d’état de<br />
naviguer. C’est encore plus vrai s’ils recourent<br />
à des passeurs uniquement motivés par le<br />
profit. Ceux qui parviennent à destination sains<br />
et saufs se retrouvent dans une situation de<br />
grande vulnérabilité puisqu’ils doivent éviter<br />
tout contact avec les autorités et travailler<br />
dans l’illégalité. Ils jouissent de peu de droits et<br />
risquent constamment d’être arrêtés et renvoyés<br />
chez eux. Ils ont du mal à rester en contact<br />
avec leur famille et ne peuvent prétendre au<br />
regroupement familial tant que leur statut n’est<br />
pas régularisé.<br />
Au vu de ces éléments, la maîtrise de la migration<br />
irrégulière apparaît comme une priorité. De<br />
solides capacités seront nécessaires dans les<br />
domaines ci-après si l’on veut faire face aux<br />
enjeux futurs de la migration irrégulière :<br />
1. Recueil de données précises sur la<br />
migration irrégulière ;<br />
2. Application effective de la loi ;<br />
3. Régularisation du statut des migrants ;<br />
4. Gestion des détentions et des<br />
éloignements ;<br />
5. Réglementation de la migration et de<br />
l’emploi ;<br />
6. Elargissement des moyens dans les Etats de<br />
transit ;<br />
7. Lutte contre le trafic de migrants et la traite<br />
des personnes ;<br />
8. Gestion des flux composites ;<br />
9. Large diffusion de l’information ;<br />
10. Création de partenariats et élargissement<br />
de la coopération.