ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications
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<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | MobilitE dE la Main-d’ŒuvrE<br />
22<br />
dont deux conventions de l’OIT (n° 97 et 143)<br />
qui touchent à la protection des travailleurs<br />
migrants. En outre, les deux protocoles<br />
additionnels à la Convention des Nations Unies<br />
contre la criminalité transnationale organisée<br />
s’attaquent à la traite des personnes et au<br />
trafic illicite de migrants. La Convention sur les<br />
travailleurs migrants suscite de vifs débats ; elle<br />
a été ratifiée par 42 Etats, parmi lesquels ne se<br />
trouve aucun grand pays de destination dans<br />
le monde développé, ni aucun membre de<br />
l’UE. Plusieurs motifs sont avancés pour ne pas<br />
adopter cet instrument : le champ d’application<br />
et la complexité de la Convention, les obligations<br />
techniques et financières imposées aux<br />
signataires, le sentiment que le texte s’oppose ou<br />
n’ajoute rien aux lois nationales sur la migration,<br />
et le fait de donner aux migrants (notamment<br />
à ceux qui se trouvent en situation irrégulière)<br />
des droits que ne leur confèrent pas les autres<br />
traités. L’OIT a activement œuvré à la définition<br />
de normes du travail qui ont eu de vastes effets,<br />
notamment sur la législation interne de ses Etats<br />
membres. Les droits fondamentaux des migrants<br />
sont également protégés par des instances<br />
régionales (telles la Cour européenne des droits<br />
de l’homme et la Cour interaméricaine des droits<br />
de l’homme).<br />
Les normes internationales relatives au travail<br />
et aux droits fondamentaux des migrants<br />
présentent néanmoins de graves lacunes dans<br />
leur formulation et d’importantes failles dans<br />
leur application, comme l’a mis en lumière le<br />
Dialogue international sur la migration de l’OIM<br />
en 2009, dont l’un des thèmes était Le respect<br />
effectif des droits humains des migrants : une<br />
responsabilité partagée 39 . La sauvegarde des<br />
droits humains des migrants est beaucoup moins<br />
élaborée que la protection des réfugiés dans le<br />
monde, et aucune institution internationale n’a,<br />
en la matière, de mandat précis qui s’appliquerait<br />
à tous les migrants. Depuis l’adoption des<br />
principales conventions et normes du travail,<br />
les aspects de la migration de main-d’œuvre et<br />
les forces qui l’animent ont changé à plusieurs<br />
égards : intervention moindre des Etats dans<br />
le recrutement des travailleurs étrangers, et<br />
place accrue des intermédiaires et agents privés<br />
(bien que la Convention n° 181 de l’OIT tente<br />
de réglementer les activités de ces derniers) ;<br />
féminisation de la main-d’œuvre migrante et<br />
surreprésentation des femmes dans les emplois<br />
39 http://www.iom.int/jahia/Jahia/policy-research/international-dialogue-migration/intersessional-workshops/effective-respect-humanrights-migrants-shared-responsibility/lang/fr<br />
extrêmement vulnérables ; raccourcissement<br />
des séjours à l’étranger et multiplication<br />
des programmes destinés aux travailleurs<br />
temporaires ; progression de la migration<br />
irrégulière et nécessité de trouver un équilibre<br />
entre les mesures qui visent à réglementer et<br />
celles qui entendent faciliter les déplacements<br />
et protéger les migrants. L’application des<br />
principes auxquels ont officiellement souscrit les<br />
Etats présente encore de sérieuses difficultés,<br />
faute de volonté politique parfois, mais aussi de<br />
capacités et de moyens.<br />
Dans ces conditions, on a suggéré d’étendre<br />
les capacités et de créer des mécanismes<br />
supplémentaires et complémentaires de<br />
protection. L’une des voies possibles est de<br />
renforcer la protection nationale – ce qui<br />
est le cas lorsque les tribunaux nationaux<br />
appliquent, dans les affaires dont ils sont saisis,<br />
le droit international, la jurisprudence et les<br />
avis consultatifs en matière de droits humains<br />
qui découlent de traités régionaux. Plusieurs<br />
gouvernements ont adopté des politiques qui<br />
constituent de bonnes pratiques en matière de<br />
sauvegarde des droits des travailleurs migrants,<br />
par exemple la politique « gérée par l’Etat »<br />
visant l’emploi des Philippins à l’étranger, le<br />
vaste réseau consulaire du Mexique, la Loi<br />
sur les agences de recrutement au Royaume-<br />
Uni (2004), la délivrance de visas T aux Etats-<br />
Unis d’Amérique, et le Programme des aides<br />
familiaux résidants au Canada, en vertu duquel<br />
les travailleurs temporaires peuvent changer<br />
d’employeur pendant qu’ils résident dans le<br />
pays, à condition d’obtenir l’agrément des<br />
pouvoirs publics.<br />
La société civile également doit renforcer ses<br />
capacités pour améliorer l’efficacité de son<br />
action, qu’il s’agisse de militer en faveur des<br />
droits humains des migrants et des travailleurs<br />
étrangers, de surveiller et signaler les conditions<br />
de travail, ou de fournir des services et des<br />
informations aux non-nationaux. En Europe de<br />
l’Ouest, les syndicats se sont attachés à protéger<br />
les ressortissants qui travaillent à l’étranger,<br />
notamment l’Union générale des travailleurs en<br />
Espagne. Aux Philippines et à Sri Lanka, la société<br />
civile a fait pression pour que soient établis des<br />
contrats de travail standard, afin de garantir le<br />
versement d’une rémunération minimale aux<br />
nationaux travaillant à l’étranger.<br />
On a suggéré de renforcer le rôle des mécanismes<br />
spéciaux des Nations Unies : le Rapporteur<br />
spécial sur les droits de l’homme des migrants