ETAT DE LA MIGRATION DANS LE MONDE 2010 - IOM Publications
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<strong>ETAT</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MIGRATION</strong> <strong>DANS</strong> <strong>LE</strong> MON<strong>DE</strong> <strong>2010</strong> | MobilitE dE la Main-d’ŒuvrE<br />
14<br />
3.2 Evaluation de la pénurie de<br />
main-d’œuvre et de travailleurs<br />
qualifiés<br />
Il faut, pour bien gérer la mobilité de la<br />
main-d’œuvre, être en mesure d’évaluer<br />
précisément et régulièrement la demande de<br />
migrants sur le marché du travail – pour les pays<br />
de destination, bien sûr, qui désirent réglementer<br />
l’admission de travailleurs étrangers, mais aussi<br />
pour les pays d’origine, qui pourraient souhaiter,<br />
par exemple, offrir une formation adaptée aux<br />
migrants éventuels. Il existe différentes façons<br />
d’estimer le besoin de main-d’œuvre étrangère<br />
dans un pays, une région ou un secteur d’emploi,<br />
qui exigent toutes des capacités différentes.<br />
Les deux méthodes les plus courantes sont<br />
l’établissement de contingents et l’examen du<br />
marché du travail 22 .<br />
Les contingents déterminent le nombre de<br />
travailleurs qui peuvent être admis dans<br />
un pays. Ils sont en principe fixés une fois<br />
par année, souvent à un échelon élevé<br />
du gouvernement (comme c’est le cas en<br />
République de Corée) et en consultation<br />
avec les partenaires sociaux. L’attribution<br />
des responsabilités correspondantes à un<br />
ministère ou un organisme public, ainsi que la<br />
mise en place des mécanismes de consultation<br />
voulus, a des implications directes sur le plan<br />
du renforcement des capacités. De plus, la<br />
manière de définir et de mesurer une pénurie<br />
de main-d’œuvre n’est pas la même partout.<br />
Il n’est pas certain que les différents modèles<br />
puissent être appliqués avec profit dans tous<br />
les pays qui se dotent d’un nouveau système.<br />
En Grande-Bretagne, des réunions sectorielles<br />
d’experts sont organisées tous les trois mois<br />
pour mettre à jour les informations sur le marché<br />
du travail transmises par les employeurs.<br />
Le Gouvernement néerlandais procède à<br />
des projections d’emploi pour anticiper les<br />
pénuries dans certains secteurs ou branches<br />
professionnelles, en se basant sur le nombre de<br />
personnes qui entrent dans la vie active et qui<br />
en sortent, et sur la demande de main-d’œuvre<br />
escomptée. L’Allemagne, l’Espagne et la France<br />
font largement appel aux collectivités locales<br />
pour repérer le manque de travailleurs. Le<br />
Gouvernement espagnol fixe des contingents<br />
après avoir tenu avec les partenaires sociaux et<br />
les gouvernements régionaux des consultations<br />
22 OIT (2009).<br />
visant à cerner les pénuries sur le marché du<br />
travail 23 . Au Kazakhstan, ce sont les pouvoirs<br />
locaux qui présentent au Ministère du travail<br />
et de la protection sociale une estimation du<br />
nombre de permis à délivrer.<br />
Le contingentement présente l’avantage de<br />
donner à la classe politique, aux administrateurs,<br />
aux employeurs, à la société civile et au public<br />
un cadre de référence clair en ce qui concerne<br />
l’admission de travailleurs étrangers. Il peut<br />
aussi servir des objectifs politiques importants<br />
touchant au besoin de main-d’œuvre, et aider<br />
à apaiser les inquiétudes de la population face<br />
à la migration. En général, les chiffres sont<br />
ajustés une fois par an selon l’évolution des<br />
conditions économiques et politiques. Certains<br />
gouvernements fixent des sous-contingents<br />
– par secteur (Royaume-Uni), par profession<br />
(Italie), par région d’accueil (Australie) ou par<br />
taille d’entreprise (Allemagne). Un inconvénient<br />
majeur du contingentement est la difficulté<br />
de garantir que le nombre de permis, fixé à<br />
l’avance, coïncidera avec les besoins réels sur le<br />
marché du travail 24 . En outre, la réglementation<br />
et la bureaucratie sont souvent lourdes ;<br />
beaucoup d’employeurs estiment que ces<br />
systèmes manquent de souplesse et s’adaptent<br />
mal aux fluctuations de la demande. Enfin,<br />
il n’est pas toujours aisé, concrètement, de<br />
mettre en rapport les migrants potentiels et les<br />
employeurs, ce qui ouvre la porte à l’exploitation<br />
de travailleurs vulnérables par des intermédiaires<br />
ou des agents sans scrupules.<br />
La plupart des pays d’accueil en Europe<br />
procèdent à un examen du marché du travail<br />
lorsqu’un migrant présente pour la première<br />
fois une demande de permis de travail ou<br />
souhaite changer d’emploi avant que ne soit<br />
écoulée la période fixée pour avoir librement<br />
accès à tous les postes vacants. Cet exercice<br />
sert à déterminer s’il existe déjà sur le marché<br />
intérieur des personnes capables d’effectuer le<br />
travail en question. Les employeurs doivent en<br />
principe annoncer pendant une période donnée<br />
les postes à pourvoir auprès des organismes<br />
nationaux d’emploi ou démontrer qu’ils ont<br />
activement cherché des candidats pendant<br />
le délai exigé. Les capacités requises sont<br />
considérables et variées, puisqu’il faut, entre<br />
autres, créer un organisme national de l’emploi,<br />
informer les employeurs de la marche à suivre et<br />
s’assurer du respect des règles établies.<br />
23 Collett et Münz (<strong>2010</strong>).<br />
24 OC<strong>DE</strong> (2007).