Patrimoni de marjades a la mediterrània occidental: una proposta ...
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pherie. Un reseau <strong>de</strong> petits canaux <strong>de</strong>rivait les eaux <strong>de</strong>s val-<br />
Ions ou <strong>de</strong> sources voisines. Des sentiers, encadres <strong>de</strong> murs<br />
tres soignes, rayonnaient a partir du centre. Les terrasses<br />
jouaient alors un role essentiel : surfaces p<strong>la</strong>nes bien que peu<br />
etendues, faciles d'acces a pied malgre <strong>la</strong> pente, bien ensoleillees<br />
en adret, profitant <strong>de</strong> <strong>la</strong> fraTcheur <strong>de</strong>s ubacs en ete et<br />
<strong>de</strong> leurs sols plus epais.<br />
L'habitat etait groupe. Peu nombreux etaient les<br />
hameaux exterieurs, parfois simples rassemblement <strong>de</strong><br />
granges occupees saisonnierement. L'insecurite fut en effet<br />
toujours presente, avant Ie Xleme siecle, a <strong>la</strong> fin du Moyen-<br />
Age et pendant toute l'epoque mo<strong>de</strong>rne, du fait <strong>de</strong> passages<br />
<strong>de</strong> troupes et <strong>de</strong> pil<strong>la</strong>ges. Par contre, <strong>de</strong> petits batiments<br />
agricoles, construits en pierre seche dans les regions<br />
calcaires ou au toit couvert <strong>de</strong> tuiles, etaient nombreux. Ces<br />
abris permettaient un bref sejour lors <strong>de</strong> <strong>de</strong>p<strong>la</strong>cements assez<br />
longs vers une terre eloignee mais moins rare, ou pour beneficier<br />
<strong>de</strong>s complementarites entre I'adret et I'ubac, les differents<br />
etages bioclimatiques. lis temoignent aujourd'hui, bien<br />
que souvent enfouis sous <strong>la</strong> garrigue et les bois en meme<br />
temps que <strong>de</strong> nombreuses terrasses, <strong>de</strong> I'intensite <strong>de</strong> I'occupation<br />
et <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation <strong>de</strong>s pentes par I'homme.<br />
Fo<strong>de</strong>re, me<strong>de</strong>cin ni~ois du <strong>de</strong>but du XIXeme siecle ecrivait<br />
dans son "Voyage aux Alpes-Maritimes" : "et on voit <strong>de</strong><br />
tous les cotes <strong>de</strong>s coteaux entiers divises en terrasses par <strong>de</strong>s<br />
restes <strong>de</strong> murs, et qui, abandonnes aujourd'hui, semblent<br />
dire au voyageur: ici fut autrefois une plus nombreuse popu<strong>la</strong>tion<br />
... " (FODERE,1823).<br />
L'HISTOIRE DES AMENAGEMENTS DES PENTES<br />
ET DES TERRASSES : BEAUCOUP PLUS<br />
D'INTERROGATIONS QUE DE CERTITUDES ...<br />
Les documents ecrits temoignant <strong>de</strong> <strong>la</strong> date <strong>de</strong> I'amenagement<br />
en terrasses sont assez rares pour plusieurs raisons.<br />
Sur <strong>de</strong>s pentes assez fortes (plus <strong>de</strong> 30%), aligner <strong>de</strong>s<br />
pierres perpendicu<strong>la</strong>irement a <strong>la</strong> pente etait d'une necessite<br />
evi<strong>de</strong>nte, et ce<strong>la</strong> ne necessitait pas d'ecrit sauf a I'occasion<br />
d'une expertise, d'une comman<strong>de</strong> <strong>de</strong> travaux, d'un proces,<br />
sources qui sont actuellement etudiees par les historiens cites<br />
en bibliographie. Dans un sol ou abondaient les <strong>de</strong>bris<br />
rocheux, ceux-ci etaient une gene et un atout a <strong>la</strong> fois<br />
lorsque leur agencement en murs permettait <strong>de</strong> retenir <strong>la</strong><br />
terre, autre raison du caractere implicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> technique.<br />
Les documents ecrits sont rares avant Ie Xleme siecle,<br />
epoque a <strong>la</strong>quelle d' ailleurs apparaissent seulement les<br />
noms <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges perches. Les textes du Moyen-Age citent<br />
Ie terme "faysse" mais s'agit-il <strong>de</strong> simples p<strong>la</strong>nches <strong>de</strong> culture<br />
ou <strong>de</strong> terrasses avec mur? Les cadastres n'apparaissent<br />
vraiment qu'au XVleme siecle, mais <strong>la</strong> perio<strong>de</strong> du XI au<br />
Xilleme siecle qui a vu a <strong>la</strong> fois Ie perchement <strong>de</strong>s vil<strong>la</strong>ges,<br />
<strong>la</strong> prosperite et I'accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, a dO etre<br />
une "epoque a terrasses". Beaucoup furent certainement<br />
<strong>de</strong>gra<strong>de</strong>es pendant les XIV et XWme siecle, OU troubles et<br />
epi<strong>de</strong>mies provoquerent Ie <strong>de</strong>peuplement <strong>de</strong> territoires<br />
entiers.<br />
Les certitu<strong>de</strong>s dans <strong>la</strong> datation <strong>de</strong>s constructions <strong>de</strong> terrasses<br />
n'apparaissent qu'aux Temps Mo<strong>de</strong>rnes.<br />
La fin du XWme siecle a ete une perio<strong>de</strong> <strong>de</strong> repeuplement<br />
volontaire <strong>de</strong> territoires ruines, grace a I'apport <strong>de</strong><br />
families originaires <strong>de</strong> Ligurie : <strong>de</strong>s lots <strong>de</strong> terres furent distribues,<br />
leurs limites perdurent dans Ie paysage, et I'on<br />
peut y distinguer aujourd'hui <strong>de</strong>s terrasses (qui furent sans<br />
doute posterieures au lotissement). Aux XVI et XVlleme<br />
siecle <strong>la</strong> prosperite poussa a p<strong>la</strong>nter <strong>de</strong>s oliviers a Breil, a<br />
conquerir <strong>de</strong>s terres sur les friches ou bien a en acheter<br />
(BaDON, CH., 1996). L'historien D. Thiery a analyse <strong>la</strong><br />
quete <strong>de</strong> terres vacantes mais rocailleuses, distantes <strong>de</strong> plus<br />
<strong>de</strong> 10 kilometres <strong>de</strong> leur habitation par les habitants <strong>de</strong><br />
Magagnosc (quartier <strong>de</strong> Grasse) vers les versants qui dominent<br />
<strong>la</strong> commune <strong>de</strong> Saint-Vallier, sur Ie rebord <strong>de</strong>s Prealpes,<br />
et <strong>la</strong> cloture, toujours aux XVII et XVllleme siecle <strong>de</strong><br />
terres usurpees sur Ie "Oefens" <strong>de</strong> cette meme commune.<br />
Pres <strong>de</strong> <strong>la</strong>, a Cabris, Ie nombre <strong>de</strong>s proprietaires <strong>de</strong> parcelles<br />
cultivees fut multiplie par cinq entre <strong>la</strong> fin du XVllleme<br />
siecle et 1820. A cette meme perio<strong>de</strong>, <strong>la</strong> specu<strong>la</strong>tion agricole<br />
pouvait changer rapi<strong>de</strong>ment a proximite <strong>de</strong>s vilies, facteur<br />
supplementaire <strong>de</strong> travaux d'amenagement (I'olivier<br />
remp<strong>la</strong>~ant souvent <strong>la</strong> vigne, bien avant <strong>la</strong> crise due au<br />
phylloxera et au mildiou a <strong>la</strong> fin du XIXeme siecle).<br />
II est certain que les terrasses sont bien anterieures au<br />
XIXeme siecle, car au <strong>de</strong>but <strong>de</strong> celui-ci <strong>de</strong> grands espaces<br />
amenages sont indiques comme patures ou bois dans les<br />
cadastres "napoleoniens" et n'ont pu etre amenages<br />
<strong>de</strong>puis. Les historiens confrontent terrain et documents<br />
d'archives pour remonter dans Ie temps et dater I 'amenagement<br />
<strong>de</strong> fa~on assuree. L'hypothese actuelle prevaut que<br />
les terrasses actuellement visibles (pour les distinguer <strong>de</strong><br />
celles qui ont pu etre <strong>de</strong>truites pendant les longues perio<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> trouble et <strong>de</strong>peuplement) datent principalement <strong>de</strong>s<br />
Temps Mo<strong>de</strong>rnes.<br />
LES TERRASSES : IMPORTANCE ECONOMIQUE<br />
PERDUE, MAIS CAPITAL HERITE<br />
Aujourd'hui les terrasses comptent peu, du moins directement<br />
et en apparenc~, dans I'activite economique.<br />
Les activites agricoles contemporaines qui subsistent<br />
occupent les p<strong>la</strong>ines, les pieds <strong>de</strong> versants en pente douce,<br />
ou, sur les coteaux, <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>nches retaillees au bulldozer.<br />
Certes quelques activites agricoles sont maintenues ou<br />
re<strong>la</strong>ncees dans Ie Moyen-Pays (olivaies, elevages caprins) et<br />
alors, <strong>la</strong> terre amenagee ne fait pas <strong>de</strong>faut... Alors les terrasses<br />
sont utilisees comme jardins, les plus hautes comme<br />
terrains <strong>de</strong> parcours, ou se reboisent naturellement (trente<br />
ans suffisent. .). Les divers types <strong>de</strong> sentiers <strong>de</strong> randon-