Patrimoni de marjades a la mediterrània occidental: una proposta ...

LES AIRES D'ETUDE
DE SAINT-CEZAIRE-SUR-SIAGNE
Les deux aires etudiees a Saint-Cezaire-sur-Siagne offrent
un exemple caracteristique des regions prealpines ou
d'epaisses series calcaires ont ete intensement amenagees
en terrasses pour diverses raisons : existence de pentes
douces bien exposees en adret, pentes plus raides malgre
tout conquises peu a peu sous la pression de la demographie
et du marche, y compris I'abrupt de 300 metres des
gorges de la Siagne, entierement amenagees et actuellement
non productives a 90%. Quels en sont les types
d'amenagements, leur etat de conservation, les zones d'interet
particulier?
On peut appeler «Adret», par commodite, les pentes
situees au Nord de la commune (fig. 304). II s'agit de
pentes assez raides qui constituent un amphitheatre dont
les amenagements les plus eleves, vers 700 m, se devinent
sous des formations degradees de bois, garrigues,
pelouses. Elles interrompent un plateau qui culmine au
Nord a 752 metres, domaine de garrigue et d'affleurements
rocheux parsemes d'epierrements. Elles dominent
une depression allongee dont les pentes s'abaissent regulierement
vers la plaine de Saint-Cezaire-sur-Siagne qui est
un polje (vaste depression fermee a 440 metres). L'aire de
I'adret (5,846 km 2 ) comprend une partie de ce centre (Rossignoly,
Puits d'Eima) densement amenages en planches
encadrees de murs-c1apiers ou encore en terrasses, et sa
peripherie fortement amenagee en terrasses etroites soutenues
par des murs parfois tres larges. Cette opposition
entre Ie centre et la peripherie est sensible dans tous les
domaines.
La morphologie est assez determinante. Les pentes
septentrionales (d'une moyenne de 25%) sont un escarpement
de chevauchement de la serie calcaire jurassique.
Une ligne de petites sources I'accompagne, a la faveur
d'affleurements des argiles miocenes chevauchees, et a
favorise I'amenagement des tetes de vallons situes a I'aval,
mais aussi une activite d'elevage centree sur Ie plateau
superieur. Le recul de I'escarpement a livre une grande
quantite de pierres que I'on retrouve dans les colluvions
qui tapissent les pentes inclinees doucement (pente inferieure
a 7%) en glacis vers la plaine. La variete du sous-sol
masque de cette pente, explique en partie la diversite des
amenagements : des murs-c1apiers peuvent etre enormes
(l'Adret), aussi larges que la planche cultivee qu'ils encadrent,
la ou affleurent les calcaires jurassiques ; plus
minces, ils resultent encore d'un epierrement important
meme en I'absence de pentes (Rossignoly) lorsque les col-
luvions sont assez epaisses. Ces elements etaient deja
decrits en 1820 par I'expert qui devait etablir Ie Cadastre
«Napoleonien» : «Les quelques proprietes complantees
qui se trouvent dans la plaine sont aussi entrecoupees de
murailles extremement larges formees avec des pierres
que I'on a retirees en plantant les ceps. L'expert considerant
que partout les murailles occupent un grand espace
de terrain a deduit 1/5 eme de la contenance pour couvrir
Ie proprietaire tant des frais que cause leur entretien
que de la non-production des terrains qU'elles occupent...»
(THIERY,D., 1992).
La vegetation reste mediterraneenne entre 400 et 700
metres. Un bois de Chenes pubescents (Quercus pubescens)
a facies a Pinus ha/epensis occupe les basses pentes,
cultivees en vigne et oliviers autrefois. Au Nord-Ouest, en
situation d'abri, avec la serie du Chene vert a affinite occidentale
(Quercetum i/icis galloprovincia/e) et la garrigue a
romarin (Rosmarinus officina/is) apparaissent, les amenagements
se rarefient en altitude. Au Nord-Est s'etend la formation
degradee de la serie du Chene pubescent, garrigue
a Rhus co tin us, Pa/iurus spina-Christi, Spartium junceum,
ou la pelouse a Brachypodiunm pinnatum, qui co'lncident
egalement avec la fin des amenagements en terrasses. Sur
Ie plateau septentrional commence I'etage collineen de
type submediterraneen, avec des bois de Chene pubescent
infiltre de Rhamnus a/atern us, Juniperus oxycedrus (BAR-
BERO, M.; LOISEL, R, 1974), domaine agro-pastoral et
d' epierrement.
Selon I'inventaire du patrimoine naturel PACA (fiches
Znieff), les garrigues et pelouses ont un interet botanique
particulier en raison de I'existence d'especes rares telles
que Genista villarsii et Ophys bert%ni.
Cette opposition entre Ie centre du finage et sa peripherie
n'est pas seulement d'ordre physique, mais a marque la
mise en valeur, I'organisation passee et encore actuelle.
II y a ici une co'lncidence entre Ie dispositif des formes
dur relief, des terroirs et la repartition des amenagements
: Ie village de Saint-Cezaire-sur-Siagne situe a proximite
des parcelles labourables encloses, les plus riches
autrefois, aux quelles succedent les pentes qui portent les
vergers et vignes sur terrasses, enfin, les terres plus irregulierement
cultivees et les bois dans une couronne exterieure
OU les amenagements se reduisent a I'epierrement (CAS-
TEX, J.M.; DAGORNE, A., 1989), Les eta pes connues de
I'utilisation du sol contribuent pour leur part a expliquer
cette zonation des amenagements. Au Moyen-Age (MEY-
RONNET, H., 1914), Ie terroir central constituait «I'ager»,
«I'enclos ou terre-close» compose de tenures et de nombreuses
proprietes franches dont temoigneraient encore les
toponymes : a quo di Niel, de Jordan, Iou c1aou de Bertrand,
Iou c1aou du Fabri... La couronne intermediaire, correspondant
aux escarpements amenages aujourd'hui en
terrasses, comprenait alors les «terres gastes ou borde-