Patrimoni de marjades a la mediterrània occidental: una proposta ...

nees, tres bien organises, les utilisent pour les facilites
qU'elles apportent.
Autrefois c'etait la partie la plus peuplee du departement,
region de Nice exceptee. En 1861, par exemple,
Breil-sur-Roya comptait 2706 habitants contre 2058 en
1993, Villars-sur-Var 906 contre 507, Sigale 454, contre
160, meme si la suffisance alimentaire n'etait pas partout
assuree Les bourgs etaient des centres de foires, d'industries
rurales, de nombreux sentiers transversaux reliaient
les communes et conduisaient jusqu'aux cols, la culture
s'elevait tres haut (1600-1800 metres), avec des rendements
tres faibles il est vrai. Les deplacements des troupeaux
etaient strictement reglementes, des villages aux
granges et aux "gias" des alpages, pour eviter la degradation
des prairies et des cultures.
Si les utilisations anciennes des terrasses n'ont pas
survecu a la revolution industrielle et au developpement
d'une economie d'echanges generalises, ces amenagements
n'en constituent pas moins un capital de sols, de
dispositifs anti-erosifs et de maitrise des eaux, un support
encore stable pour les diverses series de vegetation et
sans doute bien des activites a venir ...
Du Nord au Sud du departement, la pierre seche temoigne
ainsi de I'anciennete de I'utilisation et de la transformation
des milieux en pente par I'homme.
Sa presence est la plus eclatante partout ou, sur les plateaux
de I'avant-pays ou des Prealpes affleurent les strates
calcaires de I'ere secondaire. Mais les blocs de roches cristallines,
gres, breches cimentees, constituent aussi d'innombrables
murs et tas d'epierrement sur les versants de
diverses natures: echines du massif du Tanneron, crets des
unites plissees et versants des grandes vallees du Nord du
departement.
Ces pierres furent a la fois un obstacle au labour, aux
diverses fa\ons culturales, a la bonne levee de I'herbe et Ie
materiau qui permettait de sauvegarder les sols et les cultures.
L'agronome marseillais A.L de Sinety affirmait au
debut du XIXeme siecle que les talus enherbes offriraient
une protection moins coGteuse en efforts de construction
et de maintien que les murs des terrasses, mais qu'il etait
bien difficile de trouver des mottes bien enracinees a appliquer
a des talus ou "ribes" dans des regions marquees par
une saison seche (SINETYde A.L, 1803). Seules les regions
marneuses depourvues de pierres eurent recours a cette
technique (technique qui coYncidait avec la necessite d'eviter
la saturation en eau de planches en arriere de murs, facteur
de glissement, selon un avis de F. Combes, Chef du
Service de Restauration des Terrains de Montagne, ONF,
des Alpes-de-Haute-Provence, en 1990).
La pierre etait Ie materiau de base, abondant, resistant,
gratuit, et I'agencement, la reparation des constructions
pendant la morte saison, coGtait seulement son temps au
petit paysan.
Dans Ie Moyen-Pays, les calcaires marneux cretaces
n'offrent pas Ie meilleur materiau (Breil, Villars) mais les
eboulis des escarpements calcaires (Sigale) et surtout les
plateaux calcaires des Prealpes de Grasse (Saint-cezaire)
offrent une surabondance de pierres.
Les murs de soutenement des terrasses de culture sont
omnipresents et leur diversite resulte de la volonte acharnee
de repondre a diverses necessites.
Un mur peut etre eleve (plus de 2 metres) si la pente est
raide et si I'on a voulu creer en arriere une surface relativement
importante et horizontale (jardins irrigues "a la raie"
pres des villages perches), si I'on est pres du village, ce qui
permet un travail intensif, si les pierres sont abondantes.
Un mur peut etre bas si les pentes sont douces (avant-pays,
base des versants, petits vallonnements des plateaux) ou si
un faible remblaiement etait recherche, une pente transversale
toleree (pres secs, prairies irriguees par submersion).
Les murs peuvent etre epais ou minces en fonction des
quantites de pierres a extraire du sol : il arrive que la surface
cultivable ne soit pas plus large que celie occupee par les
murs d'epierrement, dans certains secteurs a la fois travailles
et riches en pierres (Saint-Cezaire-sur-Siagne).
Mais par-dela toutes les varietes evoquees, les terrasses
semblent appartenir a deux grandes families: etroites et
larges, Ie seuil pouvant etre fixe, un peu empiriquement, a
5 metres.
Les terrasses etroites, de moins de 1 metre (occupees
parfois par un seul arbre ou une seule rangee de pieds de
vigne) jusqu' a 5 metres 5' observent sur les fortes pentes,
souvent eloignees d'un centre habite (travail d'entaille et
de remblaiement moins intensif) Elles conviennent a la
vigne et a I'olivier, sont peu erodees car leurs murs sont peu
eleves et Ie plus souvent en friches aujourd'hui dans les
hauts de versant ou dans la partie raide inferieure des versants
en "V".
Les terrasses larges de 5 a 10 metres sont moins nombreuses.
Elles occupent des pentes moyennes ou faibles et
sont proches des centres (travail intensif). Elles sont rarement
en friche ou arborees. Elles sont peu erodees bien
que situees a I'arriere de murs eleves dans Ie cas de fortes
pentes, mais sont fragiles.
En relation avec ces caracteres varient les types de disposition
et d'appareillage. Les murs peu travailles se trouvent
souvent dans les anciennes "terres gastes" seigneuriales
puis communales, dans les "defens" ou la culture
etait toleree ou usurpee(ou les deux a la fois ... ), mais dont
la possession etait precaire et donc Ie travail d'amenagement
peu intensif.