Actes de la Conférence des Nations Unies sur le commerce ... - unctad

A vous tous ici présents, je demande de ne pas oublier le
peuple, l'humanité elle-même. En tant que chef de la
délégation de mon pays, je peux vous assurer qu'ils sont au
premier plan de nos préoccupations.
Permettez-moi maintenant d'introduire une note personnelle,
de vous faire part d'un sentiment.
Je sais que l'usage et la tradition veulent que ce soit le
principal représentant du pays d'accueil qui ait l'honneur de
présider les délibérations d'une conférence comme la nôtre.
Qu'il me soit permis de me soustraire à la tradition et de
décliner cet honneur pour moi-même, car la tradition
elle-même est un honneur assez grand; par-dessus tout, je
vous suis profondément reconnaissante d'avoir choisi de
vous réunir dans le Grand Manille, dont j'ai l'honneur d'être
C'est pour moi un très grand honneur de pouvoir vous
souhaiter la bienvenue au nom de notre peuple et de la
République des Philippines.
L'honneur est vraiment singulier et sans précédent pour
nous, car, à mon sens, vous représentez l'humanité tout
entière. Si je dis que vous êtes les représentants de
1 humanité, si simpliste que la formule puisse paraître, c'est
à dessein, parce que je suis persuadé que, dans vos
délibérations à cette conférence, vous agirez, sentirez et
penserez avant tout et surtout en mandataires d'un seul et
même genre humain, et non en représentants de tel ou tel
pays, de tel ou tel groupe d'intérêts, de tel ou tel système
social ou économique.
De l'avion qui vous amenait de votre pays à Manille, vous
avez certainement constaté que vous perceviez seulement
les caractéristiques naturelles et permanentes du globe : la
terre, les mers, les fleuves, les montagnes, les vallées vertes,
les déserts ocres et, parfois, les habitations de l'homme,
humbles ou fières, misérables ou majestueuses. De cette
altitude, nul ne peut plus distinguer un homme d'un autre.
Nul ne peut dire si l'homme a la peau brune ou blanche,
jaune ou noire. Nul ne peut entendre les langues parlées par
les hommes ni connaître les dieux et les philosophies
auxquels ils croient. Nul ne peut dire s'ils sont riches ou
pauvres, primitifs ou évolués, opprimés ou libres. De
là-haut, les frontières s'estompent, tout comme les allégeances,
les rancoeurs, les ambitions, les échecs et les
mécontentements, tout disparaît. Seul demeure un fait
élémentaire, un fait d'une réelle importance : ce sont les
hommes et les femmes qui partagent à égalité le même sort
et la même destinée.
Telle est la vérité fondamentale qui, je l'espère, inspirera
les délibérations de cette conférence. Je suis certain en effet
que nous avons eu notre compte de lieux communs, de
revendications rageuses et de refus arrogants, d'exhortations,
de déclarations à effets et de programmes panacée.
Nous en avons eu assez pendant vingt ans, nous devons
maintenant nous appliquer à relever un défi difficile et
ardu.
Annexe III. - Allocutions prononcées à la cérémonie inaugurale 125
le gouverneur. Etant aussi la première dame de ce pays, je
vous suis reconnaissante d'avoir fait aux Philippines l'honneur
de votre présence. Tout cela constitue indéniablement
un témoignage d'estime que le peuple philippin, le Président
et moi-même garderons toujours présent à l'esprit.
Si j'ai décliné cet honneur, c'est uniquement pour
affirmer ma soumission et mon dévouement à l'objectif qui
nous est commun pour le bien de l'humanité.
Mesdames et messieurs les délégués, chers amis, veuillez
accepter l'expression de ma profonde gratitude et laissezmoi
vous souhaiter à nouveau la bienvenue dans notre ville,
dans notre pays, dans nos foyers et dans notre cœur. A
chacun d'entre vous et à tous, un grand merci et
mabuhay !
B. - Allocution inaugurale de S. E. M. Ferdinand E. Marcos
président et premier ministre de la République des Philippines
LA CNUCED ET LA RÉVOLUTION DES PAUVRES
Nous espérons que tous les préparatifs que nous avons
faits pour cette conférence vous donnent satisfaction.
Carcela a été dit, nous sommes un petit pays en développement,
qui est pauvre, mais nous avons fait de notre mieux
avec nos maigres ressources pour vous témoigner l'hospitalité
de notre peuple et aussi parce que nous mesurons
l'importance vitale de cette conférence.
Vous arrivez en outre à un moment où notre peuple
s'efforce résolument de restructurer notre nation et notre
société. Nous espérons que vous verrez dans cet effort un
exemple à suivre dans la tâche qui vous incombe de
concevoir et d'édifier un nouvel ordre économique international.
Il n'y a pas si longtemps que notre peuple était
engagé dans un conflit douloureux qui paraissait insoluble,
entre ceux qui avaient trop peu et ceux qui avaient trop et
voulaient plus encore. Nous sombrions lentement dans
l'indécision, la division destructrice, l'hostilité arrogante,
jusqu'au jour où nous avons compris que nous nous
acheminions vers une seule issue : la désintégration et le
suicide de la nation.
Nous avons alors décidé de mettre un terme à cette lutte
angoissante, stérile et vaine, et de dépasser les divergences
entre partis et idéologies pour arriver à une communauté de
vues, à une même volonté de créer une société nouvelle de
justice sociale, de noblesse et de dignité, dans laquelle les
ressources de notre pays ainsi que les obligations seraient
également partagées, tout comme la possibilité de déterminer
notre destin commun.
C'est une attitude comparable que je recommande dans
l'intérêt commun de toutes les délégations, des nations
représentées ici, un intérêt commun pour la restructuration
d'un ordre économique périmé. C'est là, en effet, le
véritable objectif de la CNUCED. Cette session est la
cinquième session de la Conférence et les quatre premières
ont laissé un souvenir qui nous permet assez difficilement
d'échapper à la conclusion que nous n'allons nulle part, cela
au bout de vingt ans.
Les nations les moins avancées, déjà dans une situation
difficile, vont de mal en pis, et si des pays développés font