Actes de la Conférence des Nations Unies sur le commerce ... - unctad

194 Annexes
comme les pays en développement, ont à pâtir des mesures
protectionnistes qui revêtent en Occident, et plus particulièrement
dans le cadre de la Communauté économique
européenne, un caractère particulièrement discriminatoire à
l'égard de la communauté socialiste; les fluctuations de la
demande dont leurs produits font l'objet sur les marchés
mondiaux et le renchérissement des importations et du
crédit leur sont également préjudiciables. Ces tendances
négatives placent les pays socialistes dans une position
délicate pour participer plus largement à la division internationale
du travail et pour promouvoir dans leur politique
commerciale des formes nouvelles de coopération à long
terme et de grande ampleur dans les domaines économique,
scientifique et technique.
14. Une fois de plus, les événements des années 70 font
apparaftre sous leur véritable jour les conceptions répandues
par certains milieux sur ce qui constituerait "l'égale
responsabilité" de tous les membres de la communauté
internationale face à la situation de l'économie mondiale.
De toute évidence, le socialisme constitue dans l'économie
mondiale une source de croissance, non seulement pour
lui-même, mais aussi dans une certaine mesure au niveau
global, alors que le capitalisme demeure de par sa nature
générateur d'une anarchie et d'une instabilité cyclique qui
ne peuvent qu'engendrer des crises économiques structurelles.
L'aggravation de l'exploitation néo-colonialiste des
pays en développement et la détérioration de la situation
économique et financière des jeunes Etats sont des conséquences
de cette réalité.
En d'autres termes, la responsabilité des pays capitalistes
industrialisés dans les difficultés économiques des pays en
développement ne prend pas fin avec la période coloniale et
ne se limite pas à cette période. Dans le système de
l'économie capitaliste, les pays en développement continuent
d'être placés dans une situation de dépendance,
d'exploitation et d'inégalité et, pour cette raison, les maux
du capitalisme les frappent plus fortement que quiconque.
L'ordre ancien est d'ailleurs protégé par les organisations
internationales dont le statut et la pratique restent profondément
antidémocratiques et privent les pays en développement
de toute possibilité de participer à leurs travaux
dans des conditions d'égalité.
III
15. Etant donné l'ampleur, l'intensité et la multiplicité
des phénomènes de crise qui marquent les années 70, il ne
suffit plus d'apporter quelques améliorations aux institutions,
aux règles et aux principes existants dans le domaine
des relations économiques internationales, mais il faut
procéder à une restructuration radicale de tout le système
de ces relations. C'est ce que réclame désormais l'écrasante
majorité des Etats Membres de l'ONU. En pratique, il faut
en finir avec la situation d'inégalité que connaissent les
jeunes Etats sur le marché capitaliste mondial, assurer aux
pays socialistes la part qui leur revient dans le commerce
mondial, en particulier dans le commerce des produits
industriels, extirper toutes formes de discrimination, limiter
l'arbitraire des sociétés transnationales, renoncer au protectionnisme,
réaliser une authentique démocratisation des
règles et des institutions qui régissent le commerce international
et le processus du développement.
16. A cet égard, l'approfondissement et la concrétisation
de la détente et le ralentissement de la course aux
armements seraient un bienfait universel pour l'humanité.
En fait, la formulation et l'exécution de programmes tant
soit peu ambitieux de restructuration des relations économiques
internationales ne sont possibles que dans un climat
de paix. De même, les transformations de structures à
opérer dans la production mondiale ne pourront devenir
réalité que lorsqu'une atmosphère de confiance authentique
prévaudra dans les relations internationales, en particulier
dans les relations entre pays à systèmes économiques et
sociaux différents et entre pays ayant des niveaux de
développement différents. Qui plus est, l'extension de la
zone de détente aux continents en développement est une
condition indispensable pour intensifier la coopération
entre les pays en développement eux-mêmes, coopération
qui est appelée à jouer un rôle majeur dans la réalisation des
objectifs du nouvel ordre économique international.
17. La détente offre la garantie d'avantages économiques
tout à fait concrets et tangibles. Ainsi, si l'on parvenait à
maîtriser la course aux armements et à réduire les budgets
militaires, il en résulterait un assainissement des finances
publiques de nombreux pays et une réduction de l'inflation.
En même temps, une partie des ressources ainsi dégagées
pourrait être affectée à l'expansion de l'aide et, pour faire
contrepoids au protectionnisme, au financement d'ajustements
de structures dans l'économie des pays industrialisés,
ce qui rendrait possible une augmentation substantielle
des importations de ces pays en provenance des pays
en développement, en particulier des importations de
produits finis et semi-finis.
L'élimination du fardeau que représente la course aux
armements ou même la conversion d'une partie des industries
militaires à des fabrications pacifiques permettrait
d'accroître la demande civile globale, en particulier la
demande de produits en provenance des pays en développement
et, en même temps, d'injecter dans le circuit des
échanges commerciaux avec ces pays de nouvelles catégories
d'articles et de techniques, de s'attaquer en termes concrets
à la solution des problèmes globaux qui se posent à toute
l'humanité. C'est justement pour cette raison que la détente
et le développement sont traités comme un tout organique
dans les documents — programmes des pays socialistes, par
exemple dans la déclaration publiée le 23 novembre 1978
par les Etats parties au Traité de Varsovie. Les Etats
socialistes, auteurs de cette déclaration, accordent et
continueront d'accorder une importance primordiale à
l'affirmation des principes de la coexistence pacifique dans
les relations internationales, à la détente, au désarmement
effectif.
Au demeurant, c'est le même langage que l'on retrouve
dans le Programme d'Arusha adopté en février 1979, où il
est tout particulièrement souligné que la course aux
armements a des conséquences économiques et sociales si
nuisibles que sa poursuite est manifestement incompatible
avec l'instauration du nouvel ordre économique internationale.
18. Dès le début, la politique des Etats socialistes dans le
domaine des relations économiques extérieures s'est assigné
pour objectif la restructuration des relations économiques
internationales sur des bases justes et démocratiques. Le
combat pour cette restructuration a commencé avec la
formation du premier Etat socialiste du monde — la Russie
c Voir ci-dessus l'annexe VI, sect. I, par. 8.