Actes de la Conférence des Nations Unies sur le commerce ... - unctad

Annexe VII. — Documents présentés à la Conférence par certains groupes de pays 193
renforce son asymétrie structurelle. Ce fait explique en
grande partie l'ampleur de la crise économique que l'on
connaît depuis le milieu des années 70, et il constitue l'une
des principales raisons qui rendent si difficile d'en surmonter
les conséquences.
9. L'une des causes de l'intensité et de la ténacité
particulières de la crise, c'est l'inefficacité des méthodes —
nouvelles ou traditionnelles — de régulation de l'économie
par l'Etat et les monopoles. Une fois de plus, la crise a
montré que le mouvement cyclique de la production, avec
ses pointes et ses chutes, constitue l'un des aspects les plus
graves du développement du capitalisme et que les interventions
anticrise ne peuvent rien y changer.
II
10. Le caractère durable et l'acuité des phénomènes de
crise qui secouent l'économie capitaliste apparaissent de
manière particulièrement flagrante dans le domaine du
commerce mondial. On constate un ralentissement des taux
de croissance des échanges commerciaux, de fortes fluctuations
de la demande des principaux produits, un déficit
chronique des balances commerciales et des balances des
paiements, une intensification de la lutte pour les débouchés
et les sources de matières premières. A une assez
longue période de libéralisation relative succède un retour
au protectionnisme et aux pratiques commerciales restrictives.
Le mécanisme existant des organisations internationales
chargées de la régulation du commerce mondial
— et plus particulièrement les éléments de ce mécanisme qui
n'ont pas encore été touchés par le processus de démocratisation
et servent les intérêts d'un groupe restreint d'Etats
capitalistes qui y occupent une position dominante - n'est
pas en mesure de contrecarrer ces tendances. Il y a
désormais contradiction entre ce mécanisme et les intérêts
de l'écrasante majorité des pays du monde; une restructuration
radicale est à cet égard indispensable.
11. Bien entendu, les pays capitalistes industrialisés, et en
premier lieu la population laborieuse de ces pays, subissent
eux aussi un sérieux préjudice du fait de la crise et de ses
répercussions que l'on ne parvient pas à maîtriser. Cependant,
il est incontestable que ce sont les pays en développement
qui supportent le poids principal de ces conséquences.
Car c'est pour eux qu'il en résulte les plus fortes
fluctuations et une diminution des recettes d'exportation,
sans parler du déséquilibre dans la répartition de ces
recettes. Il y a eu un renchérissement des produits importés
de première nécessité — céréales, combustibles et carburant,
engrais. Si les pays en développement ont bénéficié pendant
quelque temps de la hausse des prix qui a eu lieu en leur
faveur dans la première moitié des années 70, cette hausse a
été de courte durée et elle a été totalement annulée les
années suivantes par la chute des prix des matières
premières et le renchérissement des produits industriels
importés par ces pays. De ce fait, les déficits de leurs
balances des paiements ont atteint une ampleur sans
précédent. Cette situation est due en particulier à la
réduction considérable des débouchés offerts aux pays en
développement pour les produits finis et semi-finis pour
lesquels ils ont donné la preuve de leur compétitivité. Avec
le problème — toujours sans solution — de la stabilisation
du commerce international des produits de base, cet état de
choses fait qu'il est très difficile pour les jeunes Etats
d'accroître leurs gains de ressources financières dans des
conditions économiques saines et les prive artificiellement
d'une partie des avantages qu'ils pourraient retirer de
l'industrialisation.
12. Dans une situation caractérisée par un net recul des
recettes d'exportation par rapport aux besoins d'importation
des pays en développement, on a commencé à
assister à une rapide aggravation de la dette extérieure de
ces pays, accompagnée d'une révision en baisse des programmes
de développement. Les crédits qui favorisent, dans
les pays capitalistes, une expansion des sociétés transnationales
en direction de l'étranger se sont traduits pour
les pays en développement par un gonflement de la dette
extérieure qui atteint aujourd'hui 280 milliards de dollars,
et les banques commerciales des pays capitalistes figurent
désormais parmi leurs principaux créanciers. En d'autres
termes, on assiste à une dangereuse évolution qui tend à
favoriser les formes les plus coûteuses de financement, et
bien souvent les nouveaux crédits ne servent eux-mêmes
qu'à refinancer les paiements courants et ne laissent donc
aucune trace du point de vue du développement réel. Le
capital étranger privé occupe de nouveau une place prépondérante
dans le courant global de ressources extérieures, et
cette évolution représente un grand danger pour les jeunes
Etats qui se sont fixé pour objectif l'autonomie économique
aux niveaux national et collectif. C'est là un
important changement qualitatif, gros de périls pour
l'avenir. Enfin, dans beaucoup de pays en développement,
les charges financières résultant de l'endettement croissant
sont inégalement réparties et, pendant qu'une élite nantie
continue de s'enrichir, la grande masse de la population est
privée de toute possibilité de satisfaire ses besoins les plus
élémentaires, qu'il s'agisse de l'alimentation, de l'habillement,
du logement, de la santé publique ou de l'enseignement.
13. Du fait qu'ils jouent un rôle de plus en plus
important dans le commerce mondial, les pays socialistes,
surtout ceux d'entre eux qui tirent du commerce extérieur
une part appréciable de leur revenu national, subissent eux
aussi les conséquences des désordres économiques que
connaît l'économie capitaliste mondiale. Evidemment, le
caractère planifié de l'économie socialiste fondée sur la
propriété collective des moyens de production, ainsi que le
monopole d'Etat du commerce extérieur et l'existence
d'une monnaie collective qui leur est propre, permet à ces
pays d'opposer un barrage efficace qui protège leur économie
de la régression et de l'inflation en provenance de
l'Occident. C'est pourquoi les pays membres du CAEM ont
continué de connaître des taux de croissance économique
soutenus et dynamiques, même dans les années où le
secteur capitaliste de l'économie mondiale était en état de
régression ou en proie à la stagnation. En 1977, le volume
de la production industrielle des pays capitalistes avait
progressé au total de 7 p. 100 par rapport à 1973. année
d'avant la crise, mais, pour la même période, on constate
une avance de 32 p. 100 dans les pays membres du CAEM.
La croissance dynamique et planifiée de l'économie des
pays du CAEM constitue une base solide pour le développement
de leurs relations économiques. Depuis 1975, le
volume total de leur commerce extérieur a augmenté de 24
p. 100, et il a dépassé 158 milliards de roubles en 1977.
L'intégration économique socialiste et l'activité du CAEM,
qui célèbre cette année son trentième anniversaire, sont de
solides atouts pour le progrès des pays socialistes. Cependant,
dans leurs relations extérieures, les pays socialistes,