Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Biotechnologies, progrès
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l’agriculture commence à se développer, la tâche de production de nourriture est
dévolue à certaines classes de la population, de façon à ce que d’autres puissent se
consacrer à des activités telles que l’artisanat ou l’art. La production alimentaire
devient suffisante pour pouvoir approvisionner de grandes concentrations
humaines. Il y a une véritable coïncidence, et probablement dépendance, entre
le développement de l’agriculture et celui des villages puis des villes. C’est un
élément tout à fait essentiel dans l’histoire de l’humanité.
L’agriculture concerne la culture des végétaux pour l’alimentation puis ensuite
de ceux qui seront utilisés pour l’habillement (le lin et le coton). Elle inclut
également l’utilisation des animaux, et donc leur domestication. Celle-ci survient
très rapidement après le développement des premières cultures. Les premiers
animaux à être domestiqués semblent être des ovins et des chèvres (il y a 8 à
9 000 ans), probablement dans l’actuelle Turquie. Viennent ensuite, très
rapidement, les bovins, les porcs (6 à 7 000 ans), la domestication des chevaux
(environ 5 000 ans) d’abord pour le travail aux champs avant qu’ils soient véritablement
montés. La domestication des chiens est à peu près contemporaine.
Cette première phase des biotechnologies va commencer à profondément
transformer la surface de la planète. On a tendance parfois à opposer le monde
de tradition, qui serait celui de l’agriculteur d’antan, au monde de la modernité
dont la légitimité même peut être contestée. En réalité, avant que l’homme ne
soit un éleveur ou un cultivateur, son environnement était bien différent de ce
que nous connaissons ; beaucoup des plantes qui nous entourent étaient absentes.
Le blé tel qu’il nous est familier n’existait pas car il a seulement été inventé il y a
7 000 ans, lorsque des Egyptiens ont trouvé le moyen de mélanger les génomes
de 2 puis de 3 graminées, dont l’épeautre. En Amérique latine, l’agriculture
commence à se développer il y a 8 000 ans, surtout par la culture des courges
en Amérique Centrale. Le maïs suivra ultérieurement, mais de la même manière,
entre la téosinte, l’ancêtre du maïs sauvage, et le maïs moderne, il n’y a « pas
photo ». On sait bien sûr, quand on est botaniste, que ce sont des plantes de
la même famille, du même genre, mais il a fallu une intervention importante
de l’homme pour que se développe ce qui est de nos jours la culture agricole
dominante de ces pays. Des transformations radicales et similaires aboutissent
à la civilisation du riz dans les bassins fertiles d’Asie du Sud. Sans parler des
importantes transformations des animaux par l’homme : au fil des millénaires,
elles vont accompagner les différentes étapes de la domestication.
En bref, l’homme commence à transformer le paysage par l’agriculture la
plus traditionnelle, inventant même des végétaux qui jamais n’auraient existé sans
lui, du moins sous cette forme. On pourrait être surpris que l’on attribue ainsi
le développement de l’agriculture aux biotechnologies. En tout cas, en matière
d’alimentation, tous les champs de la fermentation, de la salaison, de la panifi-
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA