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Les défis de l’agriculture mondiale
nous décidions d’investir massivement dans les énergies non carbonées, c’est à
dire les énergies renouvelables, le nucléaire et le charbon avec capture et stockage
de CO 2
. Dans notre grande sagesse, nous avons aussi anticiper les premières
tensions sur la ressource pétrolière et les biocarburants ont donc déjà réalisé une
percée non négligeable dans le mix énergétique, ainsi que l’électrification des
transports. Les consommations croissantes des pays émergents sont aussi prises
en compte conformément aux données de l’Agence Internationale de l’Energie.
Si ces conditions se vérifiaient, donc, les émissions liées à l’exploitation du parc
électrique, en jouant sur toutes les complémentarités des énergies non carbonées,
diminueraient effectivement, malgré une augmentation de la production
mondiale électrique. Les émissions mondiales de gaz à effet de serre passeraient
par un pic dès 2020 pour ensuite décroitre en 2050. La bonne nouvelle de ce
scénario est que les émissions semblent stabilisées autour de 400 ppm de CO 2
,
trajectoire qui est exactement dans la fourchette correspondant à une élévation
de température de + 2°C.
Dans ce scénario, nous ne souffrons pas de la rareté des énergies fossiles car
nous nous serons désintoxiqués progressivement. Des procédés formidables nous
permettront de rentrer dans un cycle d’exploitation « décarboné » et de fabriquer
des carburants liquides à base de charbon propre.
Nous avons tous envie de croire à cette petite mélodie du bonheur. Mais, à y
regarder de plus près nous pouvons comprendre qu’il est déjà tout à fait irréaliste.
Il faudrait que soyons déjà engagés dans une politique énergétique concertée et
pacifique à l’échelle du monde, y compris de la part des pays producteurs de
pétrole et de gaz. Imaginer de passer cette transition énergétique sans risque de
conflit majeur est en soi une parfaite prouesse. Poursuivons et imaginons que
les difficultés ne viendront pas d’une crise politique. Aucune de ces solutions, à
l’exception de l’amélioration énergétique des bâtiments et des véhicules, ne sont
pour le moment économiquement compétitives (et encore). Par conséquent nous
voyons mal comment le marché pourrait les développer spontanément. Les marchés
restent imparfaits pour promouvoir les éco solutions et n’ont pas la main verte.
Supposons cependant que les marchés s’adaptent très vite et travaillent main
dans la main avec le politique. Dans ce cas, il reste peu probable que les solutions
garantes d’une meilleure gestion des ressources se diffusent rapidement alors que
le temps presse.
La ressource la plus rare, le temps
Premièrement, la technologie la plus propre du monde ne peut s’affranchir
des coûts de fabrication et de consommation de matières premières. Ainsi, s’il
faut consommer trois litres de pétrole pour produire l’équivalent de la moitié
en énergie propre, l’équation est-elle si rentable ? Les mâts d’éolienne et les
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA