Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Relever ensemble les défis écologiques
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cœurs de réacteurs nucléaires se construisent avec de l’acier, qui est un matériau
de plus en plus cher et énergivore dans le cycle de sa construction actuelle. Les
coûts des panneaux solaires augmentent avec le coût de la silice. Les marges
sur l’éthanol sont en baisse en raison du doublement des cours du maïs. La
révolution verte est entrée dans un passage délicat où les coûts augmentent,
ce qui freine son déploiement. Cette nouvelle économie, à son démarrage, ne
peut s’affranchir de l’or noir pour s’imposer et c’est bien là que réside toute la
difficulté ! Combien de temps encore cette dépendance va-t-elle durer ?
Deuxièmement, les progrès engrangés grâce aux énergies propres seront
assurément substantiels mais resteront marginaux en comparaison du besoin
en énergie qui va croissant. La montée en puissance de la production à faible
émission de carbone sera annulée par l’effet volume de la croissance démographique
et économique, sachant, comme nous l’avons vu précédemment, que
toute la croissance ne peut reposer sur les énergies renouvelables et sur l’énergie
nucléaire. Quant au charbon propre, il n’existe que notre imagination.
Au final, toutes ces solutions demandent un temps de développement
incompressible de 20 à 30 ans pour atteindre un stade industriel et donc
un potentiel significatif sur le volume des émissions de gaz à effet de serre
évitées. Les grandes infrastructures ont une durée de vie de quarante ans et leur
remplacement est progressif. Les solutions mises en place n’auront pas d’effet
avant une bonne vingtaine d’années. Pour rénover l’ensemble des 30 millions
de logements en France il ne nous faudrait pas moins de vingt cinq ans ! Que
dire alors de tous les pays qui se construisent avec des technologies dont on
sait qu’elles sont déjà préhistoriques. A force d’évoluer dans un espace de plus
en plus virtuel, de plus en plus miniaturisé, à l’aube des nanotechnologies,
nous avons tendance à oublier que nous vivons avant tout dans un monde
matériel, dont l’empreinte est lourde et longue à s’estomper. Nous avons
construit un univers bien réel et ancré dans la terre. Les tonnes de déchets
générées par l’activité humaine sont physiques et non imaginaires. Cette réalité
là est incontournable. Nous sommes des êtres de chair et de sang vivant dans
un monde forgé pièce, après pièce, à une époque où l’énergie était abondante
et l’environnement une simple carte postale. Combien de temps pour épurer,
réparer, évacuer, remettre en état, retrouver le sens ?
Même au prix d’un effort massif, les nouvelles infrastructures énergétiques
ne seront pas financées et construites avant de subir les premiers
effets de la rareté et les solutions de remplacement ne seront pas prêtes au
mieux avant 2040, quelque soient les solutions retenues. Ce que nous avons
sur les paillasses de nos laboratoires aujourd’hui ne changera rien à la dérive
climatique et semble déjà obsolète. La rupture en vue est telle que le futur est
d’ores et déjà dépassé.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA