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Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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<strong>Les</strong> <strong>défis</strong> <strong>de</strong> l’agriculture <strong>mondiale</strong><br />

avec l’homme. La continuité <strong>de</strong> l’homme et du reste <strong>de</strong>s créatures divines semble<br />

par là établie par la Bible elle-même.<br />

Il est cependant un point inconciliable entre la pensée religieuse et le<br />

Darwinisme. C’est celui qui découle <strong>de</strong> l’ouvrage <strong>de</strong> Darwin sur la filiation<br />

<strong>de</strong> l’homme. Dans ce livre, le grand Darwin avance que les qualités morales et<br />

les particularités comportementales <strong>de</strong> l’homme sont également le produit <strong>de</strong><br />

l’évolution ; pas simplement ses capacités physiques, ce que l’Eglise accepte sans<br />

trop <strong>de</strong> difficultés, mais également ses capacités mentales. Là rési<strong>de</strong> le fon<strong>de</strong>ment<br />

du monisme, idée selon laquelle la conscience et l’esprit sont <strong>de</strong> même nature<br />

que le corps. Il s’ensuit, pour les monistes, que la conscience, produit du corps<br />

<strong>de</strong> l’homme, est, elle aussi, forgée par l’évolution naturelle. Bien sûr, une telle<br />

conception, s’oppose <strong>de</strong> façon radicale au dualisme religieux <strong>de</strong> l’âme et du<br />

corps. Selon la religion, le corps peut être matériel 61 mais, en revanche, l’âme<br />

est d’origine divine. Cette différence <strong>de</strong> fond entre les pensées évolutionniste<br />

et religieuse perdure <strong>de</strong> nos jours, mais c’est là le seul élément <strong>de</strong> rupture vraie<br />

entre elles. <strong>Les</strong> créationnistes américains ont une vision littérale <strong>de</strong> la lecture<br />

<strong>de</strong> la Bible, mais sont heureusement non représentatifs <strong>de</strong>s églises. Aucun<br />

dogme n’impose <strong>de</strong> croire que l’univers, la Terre, les êtres vivants et l’homme<br />

ont été créés en six jours, il y a une douzaine <strong>de</strong> milliers d’années. Presque<br />

toutes les églises aujourd’hui reconnaissent que la vie est apparue sur Terre il y<br />

a 3,6 milliards d’années et a engendré les microbes, les plantes et les animaux<br />

par ce mécanisme <strong>de</strong> l’évolution. <strong>Les</strong> religions admettent même, parfois, que<br />

l’homme est lui aussi un produit <strong>de</strong> l’évolution. Après tout, les résultats <strong>de</strong> la<br />

sélection naturelle pourraient refléter les <strong>de</strong>sseins <strong>de</strong> Dieu. Le problème est <strong>de</strong><br />

savoir quelle est l’origine <strong>de</strong> la conscience humaine. Cette origine est-elle interne<br />

ou bien transcendante ? Voilà où se séparent la pensée moniste et la pensée<br />

religieuse.<br />

Si Darwin, à son corps défendant, a bouleversé la religion, il a également<br />

exercé une influence considérable sur l’économie, même si c’est <strong>de</strong> façon indirecte.<br />

En effet, <strong>de</strong> même que le Darwinisme a en partie puisé son inspiration dans la<br />

théorie du capitalisme, les théoriciens du capitalisme vont immédiatement se<br />

saisir du Darwinisme pour justifier leurs <strong>de</strong>sseins et leurs discours. C’est ce que<br />

l’on appelle le Darwinisme social. L’idée forte, voire encore prédominante <strong>de</strong> nos<br />

jours, fondant l’idéologie <strong>de</strong> ce que l’on appelle la sociobiologie, est la suivante :<br />

le progrès biologique dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la nature est liée à la compétition, à la<br />

lutte pour la vie entre les êtres ; la transposition <strong>de</strong> ce mécanisme naturel dans<br />

la société humaine est le libéralisme, qu’elle justifie. La compétition entre les<br />

61 « Je suppose que le corps n’est autre chose qu’une statue ou machine… Ces fonctions suivent toutes naturellement, en cette<br />

machine, <strong>de</strong> la seule disposition <strong>de</strong> ses organes, ni plus ni moins que font les mouvements d’une horloge, ou autre automate…<br />

en sorte qu’il ne faut point à leur occasion concevoir en elle aucune autre âme végétative, ni sensitive, ni aucun autre principe <strong>de</strong><br />

mouvements et <strong>de</strong> vie, que son sang et ses esprits, agités par la chaleur du feu qui brûle continuellement dans son cœur, et qui<br />

n’est point d’autre nature que tous les feux qui sont dans les corps inanimés ». René Descartes, Traité <strong>de</strong> l’homme.<br />

<strong>Les</strong> <strong>défis</strong> <strong>de</strong> l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA

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