Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
J’ai dit plus haut qu’il me semblait dangereux que parmi les règles du jeu, il
soit interdit de subventionner l’agriculture des Etats-Unis et d’Europe, dans la
mesure où les conditions de production ne sont pas les mêmes et où les facteurs
de production n’ont pas le même prix dans toutes les régions du monde. En
Europe de l’Est, la main-d’œuvre est payée trois ou quatre fois moins cher qu’en
Europe de l’Ouest et celle d’Europe de l’Ouest est payée trois ou quatre fois plus
cher qu’en Argentine par exemple.
La globalisation et l’OMC
Au sein de l’Organisation mondiale du commerce, presque tous les pays
du monde sont représentés mais ils appartiennent à des groupes d’intérêts
différents. Il y a les pays « en retard » ; les pays en voie réelle de développement
ou de développement réel ; le Groupe de CAIRNS composé essentiellement de
l’Argentine, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada, qui sont des
pays développés mais qui ne sont ni l’Europe, ni les Etats-Unis ; et il y a enfin,
l’Europe et les Etats-Unis.
Tous les débats actuels de l’Organisation mondiale du commerce tournent
autour de la mise en cause des politiques suivies par les Etats-Unis et l’Union
européenne par l’ensemble des autres pays membres.
Alors que les positions et les niveaux d’intervention des Etats-Unis et de
l’Europe sont sensiblement identiques, l’Europe et les Etats-Unis se font la
guerre. C’est à la fois dérisoire et incompréhensible ! Cela prouve bien que le
problème posé n’est pas celui de la règle du jeu mais de la compétition entre
acteurs. Si demain, les Etats-Unis et l’Europe se mettaient d’accord sur une
certaine définition des garanties dont le monde a besoin mais dont ils ont eux
aussi besoin, le problème du marché mondial serait aux trois quarts résolu.
La récente conversation entre M. Chirac et M. Lula montre à quel point
on peut faire des concessions substantielles pour tenter de séduire un pays en
développement aussi important que le Brésil. Ces pays en développement sont
des futurs grands acteurs sur le marché mondial. En matière agricole, la Russie
fait partie de cette catégorie. Evidemment, quand leur production progresse et
que sur le marché mondial, elle est en compétition avec une production subventionnée
par les Etats-Unis et par l’Europe, ils demandent la disparition des
subventions européennes et américaines.
Supposons qu’ils réussissent. Supposons que finalement, l’Europe et les
Etats-Unis soient condamnés à supprimer leurs subventions et acceptent
vraiment de les supprimer (c’est une partie de Mistigri car en fait, si l’on accepte
de supprimer les subventions au produit, on va les transférer à l’entreprise !).
Mais supposons un instant que l’Europe et les Etats-Unis se mettent d’accord.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA