Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
pluie sans avoir « eu le temps » de réchauffer la planète, on n’en tient pas compte
dans le calcul des émissions liées à l’activité humaine.
La palme du gaz à effet de serre le plus abondant revient donc au gaz
carbonique. Ce gaz, en effet, engendre environ 55% de l’effet de serre dû à l’activité
humaine. Il est à la fois d’origine naturelle et « industrialisé » par l’homme.
A l’état naturel, les principales émissions de CO 2
proviennent des incendies
spontanés, de la respiration des animaux, ou encore du réchauffement de l’océan
de surface. Cependant ces émissions sont compensées par des « puits », c’està-dire
des mécanismes d’épuration tout aussi importants, ce qui aboutit à un
solde neutre.
D’un autre côté, le gaz carbonique additionnel, dit anthropique, c’est-à-dire
venant des activités humaines, provient pour l’essentiel de la combustion des
énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), pour partie de certaines industries
(par exemple la production de ciment ou d’acier) et enfin de la déforestation,
notamment en zone tropicale. Ces émissions saturent et perturbent les
programmes d’épuration naturels.
Le méthane est l’autre gaz préoccupant qui engendre environ 15% de l’effet
de serre anthropique. Il se forme dès qu’un composé organique, une plante ou un
animal, se décompose à l’abri de l’oxygène de l’air. Les réserves se sont formées
par la décomposition, il y a très longtemps, de plantes et d’animaux, qui se sont
d’abord transformés en hydrocarbures liquides, puis en gaz. Une partie du méthane
présent dans l’atmosphère est donc d’origine parfaitement naturelle. Cela étant
l’homme, y a aussi ajouté son grain de sel par la combustion, qui libère aussi
du méthane, par l’élevage des ruminants de toute sorte dont les aliments ingérés
fermentent dans leur estomac en dégageant du méthane, et également par la culture
du riz, car les zones humides en général émettent du méthane. Ajoutons aussi les
décharges d’ordures ménagères et le tableau sera (presque) complet.
Pour conclure cette énumération un peu fastidieuse, disons simplement que
tant que ces gaz résultaient de causes naturelles, tout allait relativement bien.
Depuis le début de l’ère industrielle (environ deux siècles et demi), l’homme a
progressivement modifié la proportion des gaz à effet de serre en les injectant
dans l’atmosphère et a perturbé les mécanismes d’épuration naturels. Le gaz
carbonique est devenu le premier gaz à effet de serre principalement en raison
de la combustion des énergies fossiles. C’est comme si durant cette période le
soleil avait augmenté sa puissance d’environ 1% en direction de la Terre. Ce qui
est loin d’être un petit ajustement indolore, compte tenu de l’extrême fragilité
des équilibres terrestres et atmosphériques.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA