Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage
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Relever ensemble les <strong>défis</strong> écologiques<br />
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tranquillement dans une phase <strong>de</strong> déni plus ou moins consciente et chargeons la<br />
science, les technologies, l’éducation nationale, les générations futures et leurs<br />
gadgets technologiques, les Nations Unies, les gouvernements, etc. <strong>de</strong> mettre <strong>de</strong><br />
l’ordre et <strong>de</strong> remonter toute la mécanique dans le bon sens. Nous pensons même<br />
que ces désagréments inévitables sont le modique prix à payer <strong>de</strong> la mo<strong>de</strong>rnité<br />
et du progrès, compte tenu <strong>de</strong> la croissance démographique et <strong>de</strong> la légitime<br />
ambition <strong>de</strong>s hommes à gagner en confort matériel. Si les poissons disparaissent<br />
nous les élèverons, si les eaux montent nous construirons <strong>de</strong>s maisons sur pilotis,<br />
si la température augmente, nous nous achèterons <strong>de</strong>s maillots <strong>de</strong> bain. Parfois,<br />
face à un documentaire qui nous apprend comment nous élevons <strong>de</strong>s poissons<br />
en Asie et les transformons en farine pour nourrir nos poulets en Europe, ou<br />
comment la crevette péchée à Osten<strong>de</strong> le matin part instantanément au Maroc<br />
se faire décortiquer pour revenir tout aussi prestement en Belgique pour y<br />
être dégustée le soir, on ne peut s’empêcher <strong>de</strong> s’interroger. Certes, cela crée<br />
<strong>de</strong> l’emploi au Maroc. Certains diront aussi que cela peut même nourrir <strong>de</strong>s<br />
dizaines <strong>de</strong> familles dont les fils et les maris n’iront pas mourir sur les eaux <strong>de</strong><br />
l’Atlantique pour gagner les îles Canaries à la recherche d’un mon<strong>de</strong> meilleur.<br />
Mais quand, par accès <strong>de</strong> faiblesse, nous réfléchissons à l’absurdité <strong>de</strong> nos<br />
mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> consommation, nous sommes aussitôt rappelés à<br />
l’ordre par les gardiens <strong>de</strong> l’orthodoxie, qui nous exhortent à ne pas écouter les<br />
sirènes <strong>de</strong> l’écologie cléricale : « Ne cé<strong>de</strong>z pas à cette nostalgie improductive<br />
et à cette vision romantique <strong>de</strong> l’environnement complètement dépassée et<br />
trompeuse. Vive l’aquaculture. Sortons enfin la pêche du paléolithique. Vive<br />
l’agriculture intensive sans laquelle l’homme serait condamné à la famine ».<br />
Dans cet énoncé <strong>de</strong> problèmes et d’aberrations apparentes, qui ne le sont<br />
pas d’un point <strong>de</strong> vue économiques tant que le coût <strong>de</strong> l’atteinte à l’environnement<br />
est nul, le plus grave n’est peut-être pas d’aller faire décortiquer ses<br />
crevettes au Maroc où en Tunisie. Le problème n’est pas tant la production <strong>de</strong><br />
déchets biodégradables considérables <strong>de</strong> l’homme qui ne fait qu’augmenter. <strong>Les</strong><br />
déchets biodégradables sont <strong>de</strong>s déchets bio nourriciers. Le problème, ce sont<br />
précisément tous les autres déchets toxiques qui ne peuvent pas être épurés par<br />
la nature et qui empoisonnent notre sol et notre sang. L’homme est la seule<br />
espèce sur terre qui produit <strong>de</strong>s déchets qui ne sont pas recyclés naturellement.<br />
<strong>Les</strong> intestins <strong>de</strong> la société humaine industrielle sont remplis <strong>de</strong> substances non<br />
dégradables qui nous contaminent en retour.<br />
Des ouvrages entiers ont été consacrés à l’eau. Rappelons simplement quelques<br />
ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur. L’eau salée constitue plus <strong>de</strong> 97 % <strong>de</strong> l’eau sur Terre et l’eau<br />
douce, environ 3 %. L’homme ne peut puiser que l’eau présente dans les lacs,<br />
les fleuves et les nappes souterraines ou sous forme <strong>de</strong> précipitations. En effet,<br />
on ne compte pas l’eau immobilisée dans les glaces <strong>de</strong>s pôles, du Groenland, <strong>de</strong><br />
<strong>Les</strong> <strong>défis</strong> <strong>de</strong> l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA