Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
les pays industriels, elle est devenue une exigence active des consommateurs qui
souhaitent pouvoir avoir confiance dans la nourriture qu’ils achètent. Elle porte
aussi sur les qualités gustatives. L’agriculture de l’union européenne dispose dans
ce domaine d’un certain nombre d’avantages grâce à son expérience acquise :
ses nombreux AOC, labels, processus de certification, normes, dispositifs de
traçabilité… Le sens de l’évolution est celui de l’abandon progressif des qualités
standard pour aller vers une diversification des produits et de leurs qualités.
Le troisième élément est la production de services écologiques. Tout acte
de production agricole modifie l’écosystème ; produire des biens agricoles et
produire des services écologiques relèvent donc d’une « production jointe ».
L’impact de la production agricole peut être positif (aménité 76 ) ou négatif
(externalité négative 77 , pollution). La recherche des hauts rendements a entraîné
surtout des externalités négatives. La société demande aujourd’hui à l’agriculture
de les réduire et, symétriquement, de produire des aménités. Les nouveaux
services écologiques demandés à l’agriculture sont nombreux : entretenir les
grands cycles naturels comme celui de l’eau du carbone par la séquestration de
la matière organique dans les sols ou la bonne gestion de la forêt, assurer une
bonne qualité des eaux de source et plus généralement des masses d’eau, réguler
les inondations et contribuer à limiter les incendies, contribuer à l’esthétique du
paysage et à l’accueil des urbains, etc.
Le quatrième élément est la nécessaire adaptation au changement climatique.
L’Europe devrait connaître une évolution vers un climat de type méditerranéen :
moins de pluie, pluie plus violente, plus de ruissellement, plus de périodes sèches
et plus intenses, migration des espèces, des maladies et ravageurs vers le nord et
les zones d’altitude. L’adaptation de ce changement suppose un effort tout à fait
considérable.
Dès lors, surgit une question : quels choix techniques faut il faire ? Faut-il
aller plus loin dans la Révolution Verte ou l’agriculture intensive en inventant
une sorte de « super Révolution Verte » fondée sur des variétés à très haut
rendement obtenues par transgénèse 78 , fondée sur l’agriculture de précision et
sur une mécanisation plus lourde ? Une telle solution semble difficile dans les
grandes cultures pour des raisons de coût, mais pourrait avoir un avenir dans
le maraîchage et l’arboriculture familiale. Faut-il tout au contraire aller vers une
agriculture « tout biologique » ? Bien que ce point fasse toujours débat, il est
76 La notion d’aménité évoque les aspects agréables de l’environnement ou de l’entourage social, qui ne sont ni appropriables,
ni quantifiables en termes de valeur monétaire ; est « amène », ce qui est aimable, agréable, qui procure ou suscite du plaisir.
(Wikipédia)
77 L’externalité désigne une situation économique dans laquelle l’acte de consommation ou de production influe positivement
ou négativement sur d’autres agents. Exemple d’externalité négative : la détérioration du bien-être ressenti par l’agent B, non
indemnisée, suite à une production de l’agent A. (Wikipédia)
78 La transgenèse est une technique consistant à introduire un ou plusieurs gènes dans des cellules (par exemple végétales ou animales)
menant à la transmission du gène introduit aux générations successives. L’organisme transformé est appelé organisme génétiquement
modifié (OGM), ou organisme transgénique. (Wikipédia)
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA