Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
nos sociétés gréco-latino-judéo-chrétiennes jusqu’à l’irruption du sentiment
écologique et de sa montée en puissance. Cela a d’ailleurs amené à ce que
l’homme occidental pollue la Terre sans vergogne. Au tournant du 19 ème et du
20 ème siècle, la France était beaucoup plus déforestée qu’elle ne l’est de nos jours
et déjà bien polluée. Personne n’avait de souci écologique tant il semblait évident
que l’homme pouvait user selon son désir des choses et des êtres.
Aujourd’hui, on s’est aperçu du danger de cette attitude, de ses conséquences
dramatiques sur l’état du Globe. C’est là un indéniable progrès. La conscience
de ce que l’action humaine non maîtrisée risque de transformer la Terre en un
lieu inhospitalier pour les générations futures, s’est ancrée puis développée.
L’écologie est sans conteste l’une des rares idées neuves en politique à s’être
imposée au cours des décennies passées. Cette pensée selon laquelle notre
responsabilité est engagée non seulement envers tous les hommes qui vivent
aujourd’hui mais aussi tous ceux qui naîtront dans le futur à qui il nous revient
de léguer une Terre compatible avec l’épanouissement d’une vie authentiquement
humaine, représente un enrichissement de la conscience humaine.
La sensibilité écologique et le poids de l’histoire ont beaucoup contribué à la
méfiance envers la « menace génétique ». Le gène semble parfois perçu comme
un moyen de modifier ce que l’on peut considérer comme l’intimité programmatique
des êtres. Dans une pensée spiritualiste, elle procède d’un équilibre
qu’a voulu Dieu lui-même. Y porter le désordre est de ce fait illégitime, voire
sacrilège.
En dehors de toute référence à une pensée religieuse fondamentaliste, il
existe une confusion entre la génétique et son utilisation idéologique depuis
la fin du 19 ème siècle jusqu’à nos jours, et surtout au cours de la 1 ère moitié du
20 ème siècle. La génétique est souvent apparue comme la caution scientifique des
idéologies du racisme et de l’eugénisme. Le nazisme est une forme de fascisme
fondé sur des bases biologiques. Cette histoire lourde donne à la génétique fort
mauvaise presse. Elle ne peut pas être si bonne, puisqu’elle a été utilisée comme
un argument scientifique en faveur des idéologies les plus mortifères, niant le
respect de l’humanité et discriminant les hommes les uns des autres.
La génétique est ainsi considérée par beaucoup comme un moyen de changer
l’intimité de l’être, comme un outil de puissance aux mains de forces menaçantes.
Des siècles d’adhésions aux desseins de la science, de foi dans les perspectives
de progrès, ont laissé place à un sentiment plus ambivalent, voire à une franche
hostilité, bien illustrée par les réactions publiques vis-à-vis du nucléaire et des
biotechnologies modernes.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA