Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Des agricultures écologiquement intensives
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des herbicides ne peut constituer une solution durable : outre que cette solution
tend à généraliser l’emploi d’herbicides pouvant avoir des effets négatifs sur
la biologie des sols, elle favorise la mutation génétique des adventices rendant
ensuite encore plus difficile leur éradication par un procédé chimique.
Les techniques de contrôle des maladies et ravageurs
Parlons tout d’abord des maladies des plantes occasionnées par des
champignons microscopiques, maladies dites « cryptogamiques ». Les techniques
agroécologiques de contrôle de ces maladies ne sont pas encore très nombreuses.
On peut citer : les mélanges de variétés résistant à une gamme de maladies,
l’utilisation de couvertures mortes ou de couvertures vivantes limitant « l’effet
splasch » en cas de pluie qui favorise la contamination des parties basses des
plantes cultivées, ou la constitution d’obstacles naturels à la dispersion des spores
de champignons (haies, paysage en mosaïque). Là aussi, il faut considérer qu’il ne
sera pas facile d’éliminer rapidement le recours aux moyens de lutte chimiques,
les fongicides. En revanche, on peut espérer une réduction des quantités utilisées
par l’application des techniques agroécologiques et de traitement dans un esprit
de précision à la fois dans l’espace et dans le temps. Dans cette perspective,
l’utilisation de fongicides classiques en quantités réduites constitue une solution
de transition. Pourtant, l’utilisation de molécules fongicides à très grande échelle
conduit inéluctablement à sélectionner des souches résistantes des maladies,
souvent même des souches multi résistantes, ce qui condamne l’efficacité de
chaque génération de nouvelles molécules.
Le contrôle des insectes présente moins de contraintes pour définir des
techniques alternatives. On peut principalement utiliser les techniques de
lutte biologique : introductions, lâchers massifs ou sélectifs (« inondatifs »
ou « inoculatifs ») de prédateurs ou de parasites des ravageurs, constitution
d’habitats pour les auxiliaires, en particulier dans les bandes enherbées qui
abritent de nombreuses espèces utiles, obstacles physiques à la diffusion des
épidémies, diversification des cultures et des variétés, etc.
Il faut remarquer que si l’on parle de lutte biologique depuis près de trois
décennies, les progrès dans ce domaine restent rares faute d’investissements
suffisants de la part de la recherche agronomique, et surtout en raison de l’extraordinaire
facilité qu’offre l’usage d’insecticides chimiques. Pourtant, là aussi, se
manifestent des résistances génétiques des insectes aux molécules proposées.
Par ailleurs beaucoup de ces molécules font l’objet de controverses quant à
leur éventuelle toxicité environnementale ou pour la santé humaine. Ces deux
raisons font que leur utilisation ne pourra être considérée à l’avenir que dans
une optique, là encore, de subsidiarité et d’exception, ainsi que de précision dans
l’espace et dans le temps.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA