Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
commencé. Or la question se pose toujours de devoir faire face à l’apparition des
besoins alimentaires nouveaux des 3 milliards de personnes additionnelles que la
planète va devoir accueillir entre 2000 et 2050. Il faut donc, avant toute chose,
faire une analyse rigoureuse et prospective de cette situation future.
Tout d’abord, chaque continent connaît une situation spécifique quant à ses
besoins alimentaires. Ainsi, si l’on fait l’hypothèse que chaque pays en situation
de sous-alimentation devrait rejoindre et égaler le régime alimentaire qui était
celui du Mexique vers 1990 (en situation de médiane mondiale), l’Amérique
latine et l’Asie devront alors encore doubler leur production de calories végétales
pendant les cinq décennies qui vont de 2000 à 2050, mais l’Afrique devra la
multiplier par cinq. Ce chiffre élevé tient au fait que l’augmentation de la part
de la viande dans les régimes alimentaires se traduit par un accroissement très
important des besoins en calories végétales pour nourrir les animaux d’élevage
(il faut de 3 à 10 calories végétales pour produire une calorie animale) et donc
par un fort accroissement des besoins totaux en calories végétales. Certaines
régions comme l’Asie ne disposent désormais plus assez de terre pour faire
face à ce doublement des besoins. L’Asie devra donc importer massivement. À
l’inverse, l’Amérique du Sud dispose de réserves de terre immenses pour produire
et exporter tout aussi massivement. L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient sont
déjà en situation de déficit car ce sont les régions peuplées du monde où l’on
trouve le plus de déserts et où l’eau fait le plus défaut.
Que se passerait-il si l’agriculture était appelée, en plus, à produire des
agrocarburants en grande quantité ? Les surfaces manqueraient car il faudrait, à
grands traits, l’équivalent d’une autre planète pour pouvoir, en l’état actuel des
techniques, substituer des carburants liquides issus de l’agriculture à la totalité
de ceux issus du pétrole. On peut donc penser que l’agriculture n’aura guère la
possibilité de produire plus que 10 à 15 % des besoins totaux en carburants
liquides, sans de forts risques pour l’avenir des forêts tropicales.
Que se passera-t-il si le changement climatique réel correspond dans l’avenir
à ce qui est actuellement annoncé ? On peut penser que vont se créer dans
les zones septentrionales de la planète d’immenses espaces nouveaux pour la
production céréalière : au Canada, en Sibérie et en Chine du Nord. À l’inverse, le
Brésil pourrait connaître un assèchement rapide. Cette perspective bouleverserait
les échanges alimentaires de la planète. Elle est désormais vraisemblable.
En résumé de cette première partie destinée à définir le contexte : partout
dans le monde, les agricultures sont confrontées à une mutation de leur contexte
mais avec des équations différentes en termes de contraintes et d’opportunités.
Partout il faut aller vers une agriculture plus efficace en termes de ressources
naturelles renouvelables (eau, sol), et dans l’utilisation d’énergie, et aussi moins
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA