Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Le monde pourra-t-il nourrir le monde ?
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inverse : les villes n’ont plus guère besoin de main-d’œuvre. La dynamique de
l’économie industrielle du XIX e et du XX e siècles qui a été le parallélisme entre
l’exode rural et le développement industriel n’existe plus guère en France, ni en
Europe, sauf en Europe de l’Est.
Le besoin des sociétés rurales n’est pas tellement perceptible ici. Il l’est en
Chine. Il l’est en Afrique. Il l’est en Amérique latine.
Prenons un exemple précis. La population de Los Angeles augmentera
de cinq millions d’habitants dans les années qui viennent. Ces cinq millions
d’habitants seront principalement des Mexicains mais aussi des Asiatiques qui
vont quitter leur pays où le niveau de vie est faible pour aller à Los Angeles où le
niveau de vie est fort. En termes concrets, pour un Californien, le revenu moyen
des cinq millions de Mexicains qui viendront s’installer à Los Angeles sera à peu
près le quart du revenu moyen actuel des habitants de cette ville. L’accroissement
de la population de Los Angeles se fera donc par la diminution du revenu
moyen de ses habitants. Systémiquement, on se rendra compte que l’ensemble
de l’économie de Los Angeles sera à la fois engorgée par des habitants nouveaux
et atteinte par leur niveau de revenus.
Le progrès
Une autre dynamique est incontestablement constituée par le progrès.
Revenons à sa source pour identifier les problèmes qu’il pose.
Lorsque j’étais à l’école ou à l’université, avant la guerre, le chercheur était,
pour moi, en quête du savoir. Il était en général lié à une université ou à un centre
officiel de recherche. Il cherchait à « savoir », car en vertu de la philosophie du
progrès qui avait fait florès au XVIII e siècle, on croyait que le savoir ferait le
bonheur de l’humanité. On ne peut pas contester qu’il améliore son sort mais
on peut s’interroger si à la limite, il est toujours positif.
Si on regarde la révolution qui s’est produite depuis la guerre dans la
dynamique de l’Union soviétique, pour des raisons militaires, et des Etats-Unis,
pour des raisons économiques, on s’aperçoit que le progrès n’est pas fait pour
faire avancer le savoir, mais pour augmenter la puissance ou la richesse. Le
progrès, en tant qu’avancée intellectuelle, avancée de la connaissance, a été asservi
à des finalités concrètes et immédiates.
Reprenons l’exemple des OGM. Monsanto et les autres ont dépensé
énormément d’argent pour mettre au point ces OGM et leurs chercheurs ont
accompli des prodiges. Dans le domaine du savoir, ce qu’ils ont découvert est
important au regard des possibilités qu’offre la manipulation génétique des
espèces végétales. Pour être remboursés de leurs frais, ils veulent que les OGM
se répandent immédiatement, le plus vite possible. Pire encore, ils ne veulent pas
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA