Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage
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<strong>Les</strong> <strong>défis</strong> <strong>de</strong> l’agriculture <strong>mondiale</strong><br />
développer les autres capitaux, l’hypothèse sous-jacente, que nous avons évoquée<br />
précé<strong>de</strong>mment, étant que nous saurions capables, par le progrès technologique,<br />
<strong>de</strong> nous affranchir <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> notre dépendance vis-à-vis du capital<br />
naturel, ce qui signifie que sa valeur économique relative irait décroissant. On<br />
peut considérer que le refus du prési<strong>de</strong>nt Georges Bush <strong>de</strong> ratifier le protocole<br />
<strong>de</strong> Kyoto s’inscrit dans cette croyance dans le progrès technologique et dans cette<br />
option <strong>de</strong> durabilité faible.<br />
La secon<strong>de</strong> option, la « durabilité forte » envisage avec moins d’optimisme les<br />
apports possibles du progrès technologique et considère que nous continuerons<br />
à avoir besoin à long terme du capital naturel. Elle propose donc <strong>de</strong> mettre<br />
fin à l’érosion <strong>de</strong> ce capital et <strong>de</strong> le considérer désormais comme globalement<br />
intangible. Cette politique s’exprime à travers <strong>de</strong>s objectifs comme la volonté<br />
qu’a affichée en 2004 le gouvernement français d’arrêter d’ici à 2010 l’érosion<br />
<strong>de</strong> la biodiversité, ou la proposition <strong>de</strong> compenser les impacts <strong>de</strong>s aménagements<br />
par <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> restauration, sur la base <strong>de</strong> l’équivalence écologique <strong>de</strong>s<br />
milieux restaurés et <strong>de</strong>s milieux visés par les aménagements.<br />
Enfin, l’option <strong>de</strong> « décroissance soutenable » considère que notre croissance<br />
économique a déjà atteint, au moins dans les pays développés, un niveau incompatible<br />
avec le développement durable. L’image <strong>de</strong> « l’empreinte écologique »<br />
illustre cette impossibilité d’atteindre pour l’ensemble <strong>de</strong> l’humanité ce niveau<br />
<strong>de</strong> développement économique <strong>de</strong>s pays développés. Il est donc proposé <strong>de</strong><br />
consentir à une diminution <strong>de</strong> notre richesse matérielle pour réduire, voire<br />
inverser la tendance à l’exploitation excessive du capital naturel.<br />
Faut-il choisir entre ces trois options ? Ne peut-on pas imaginer <strong>de</strong>s politiques<br />
ambitieuses vis-à-vis du capital naturel, visant non seulement à le conserver mais<br />
à le redévelopper, et assurant également un développement <strong>de</strong>s capitaux matériels<br />
et humains, en particulier dans les pays qui n’ont connu dans le passé que <strong>de</strong><br />
faibles améliorations, voire <strong>de</strong>s régressions du bien-être <strong>de</strong> leurs populations ?<br />
En effet, un objectif <strong>de</strong> recapitalisation écologique ne sera socialement accepté<br />
et politiquement porteur que s’il n’apparaît pas antagoniste <strong>de</strong> la progression du<br />
bien-être économique et social.<br />
Des pistes pour le co-développement <strong>de</strong>s trois formes <strong>de</strong> capital<br />
En dépit <strong>de</strong> ces objections, nous fondons notre ambition <strong>de</strong> réussir un<br />
co-développement <strong>de</strong>s trois capitaux sur quelques constats simples.<br />
Tout d’abord, notre « système Terre » n’est pas clos. Il reçoit quotidiennement,<br />
et pour longtemps, un flux d’énergie solaire qui a notamment contribué à la<br />
formation <strong>de</strong>s gisements d’énergie <strong>de</strong> charbon et <strong>de</strong> pétrole et est donc à l’origine<br />
<strong>de</strong> notre développement économique mo<strong>de</strong>rne par biodiversité interposée. Il est<br />
<strong>Les</strong> <strong>défis</strong> <strong>de</strong> l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA