Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

De nouvelles politiques agricoles
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L’adoucissement du climat, et l’élargissement de la durée végétative dans les
régions septentrionales pourraient accroître fortement le potentiel céréalier
du Canada, de la Russie et de la Chine. En même temps, certaines régions
pourraient connaître des difficultés productives, particulièrement le Brésil,
mais aussi l’Amérique centrale et peut-être également l’Europe. Une grande
incertitude persiste dans les modèles quant à la situation africaine. On peut
donc s’attendre, au vu de ces données, à ce que tous les pays cherchent à la fois
à garantir à long terme leur sécurité alimentaire à la fois par des productions
locales et par le recours au marché international. Mais l’incertitude liée au
changement climatique conjuguée à l’incertitude inhérente à la généralisation
des marchés mondiaux agricoles et alimentaires promettent un avenir important
aux politiques agricoles. L’alimentation de 9 milliards de personnes va en effet
requérir sans doute la mise en place d’une organisation collective beaucoup
plus volontariste que ce que ferait spontanément un marché mondial livré à
lui-même.
L’irruption de nouveaux marchés énergétiques et industriels
Le tableau général de la situation future est rendu encore plus complexe par
l’irruption récente de l’opportunité de produire des agrocarburants en substitution
aux carburants liquides d’origine fossile. Aujourd’hui les principales
filières se développent à partir de la production de sucre qui sert de base à
l’alcool-carburant, et d’huile. Pour ces productions, les pays tropicaux bénéficient
d’avantages comparatifs naturels considérables. Le risque est donc d’y voir se
développer une course à la terre pour pouvoir produire les carburants nécessaires
aux pays industriels, ceci au détriment des surfaces tropicales qu’il conviendrait
de conserver pour une gestion satisfaisante de la biodiversité. Ces carburants de
première génération sont l’objet de controverses : à l’échelle planétaire, ils entrent
en concurrence avec l’alimentation humaine, leur rendement énergétique est très
décevant (car les céréales et les oléagineux sont des plantes qui n’ont pas été
sélectionnées historiquement pour la production d’énergie mais d’aliment), et
les filières de production ne contribuent au total pas beaucoup à l’amélioration
du bilan carbone de l’agriculture.
Par ailleurs, un peu partout se développent des procédés utilisant la
production agricole comme matière première en substitution au pétrole et aux
produits pétroliers : huiles industrielles, polymères (fibres, objets plastiques),
acides aminés pour l’alimentation et la santé, fibres pour le textile, la construction
ou l’élaboration de divers matériaux, matériaux à partir d’amidon, de protéines
biopolymères, etc. La chimie verte n’en est qu’à ses débuts. Ces opportunités
devraient se développer.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA