Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
que soient prises en compte les situations de dumping environnemental ou de
véritables « bulles spéculatives » de long terme que sont les excès d’utilisation
non durable de ressources naturelles, par exemple par la déforestation tropicale
et la désertification. Ce serait l’intérêt de tous que toutes ces distorsions du
marché, dès lors que ce dernier s’impose à l’échelle mondiale, soient réduites ou
supprimées. Enfin, les exigences et les préférences collectives des consommateurs
des pays industriels en matière de qualité des produits devraient aboutir à une
multiplication des normes, lesquelles seront évidemment considérées par les pays
exportateurs comme autant d’entraves au commerce, alors qu’elles correspondent
à des critères de bien-être général. On peut donc penser que l’essentiel des débats
sur les règles du commerce international est encore à venir.
La nécessité pour l’agriculture de stocker du carbone
Si le changement climatique venait à se manifester plus rapidement encore que
ce qu’indiquent aujourd’hui les modèles, les sociétés seront amenées à consacrer
tous les moyens possibles pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et
favoriser le stockage du carbone. L’agriculture pourrait alors être sollicitée à la
fois pour utiliser des techniques peu émettrices donc peu utilisatrices d’énergie
fossile (fin du labour, alternatives techniques en termes d’engrais), et pour
séquestrer du carbone dans la biomasse et dans les sols. Cette activité devrait
alors être reconnue par le marché et constituer une source de revenus complémentaires
pour l’agriculture et la foresterie.
La nécessité pour l’agriculture de gérer la biodiversité
Si la course à la terre et au défrichage s’accentue, ainsi que la désertification
qui en résulterait (de la même manière qu’elle résulterait du changement
climatique), alors la biodiversité sera très fortement et irréversiblement menacée,
car ce sont l’essentiel des forêts tropicales d’Amazonie, du Congo, et d’Asie du
Sud-Est qui disparaîtraient. Dans ces régions, où la progression de l’agriculture
est en partie inévitable, il faudra bien trouver les moyens de sauvegarder ce
qui peut l’être par la définition de méthodes d’aménagement faisant la part de
l’agriculture et la part de la conservation de la biodiversité. Dans les régions
d’agriculture ancienne, la biodiversité pourrait faire l’objet d’une réhabilitation
par un ensemble de techniques comme celles présentées au chapitre précédent.
Mais là aussi, l’effort que cela demande devra faire l’objet d’une reconnaissance
financière dont la forme est à déterminer et qui constituera un des éléments des
politiques agricoles du futur dans la mesure où il est impossible de différencier
la problématique agricole et la problématique environnementale.
Le tableau d’ensemble des objectifs à long terme étant dressé, il convient
maintenant de voir, d’abord en Europe, comment une nouvelle politique agricole
commune peut répondre à cette situation.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA