Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Une gouvernance éthique
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les bases d’un projet de civilisation à l’échelle planétaire fondé sur un principe de
concertation et de coopération. Les empires énergétiques ne le feront pas non
plus. Ils ne vont pas délibérément et simultanément accepter de voir leurs rentes
disparaitre alors que les perspectives de profit n’ont jamais été aussi réjouissantes
pour eux que dans les vingt prochaines années.
Nous avons en tête le plan du réacteur nucléaire de la quatrième génération
mais assurément pas celui d’une nouvelle gouvernance mondiale. Notre
boîte à outils est constituée de souveraineté nationale, de protectionnisme,
d’exception culturelle, de susceptibilité religieuse, de technologies et d’indicateurs
économiques. Elle est peu adaptée au chantier qui nous attend. Cette idée
même de rupture n’est pas encore représentée dans la génération d’hommes qui
gouvernent les Etats, les entreprises, les organismes internationaux. Les hommes
de l’ancien monde, sauront-ils inventer le nouveau monde, eux qui n’ont jamais
questionné le dogme techno-économique de nos sociétés ? Nous avons un besoin
impérieux de créativité. Passons une petite annonce, « planète en perdition
cherche d’urgence, poètes, naturalistes, philosophes capables de réinventer le
monde ».
L’histoire offre une lecture optimiste de certaines prises de conscience
concomitantes et assez paradoxales. L’impérialisme européen, au moment même
où il domine sans partage le monde, diffuse les premières idées d’émancipation
des peuples. Les naturalistes américains, submergés par la beauté du site naturel
de Yosémite, font pression sur le très jeune Etat Californien qui crée en 1893
le premier parc naturel du monde, véritable sanctuaire à l’abri de la fureur
des hommes, lesquels, au même moment et au même endroit, exterminent les
derniers Indiens.
Nous sommes aujourd’hui dans une concomitance identique. La prise de
conscience est acquise mais notre logiciel de navigation est complètement
erroné.
Il faudrait assurément que la diplomatie et le politique mettent toutes leurs
forces dans la promotion d’un intérêt général collectif au nom de l’humanité
toute entière. En démocratie, l’action du politique pourrait ancrer sa légitimité
directement auprès des citoyens et des représentants de la société civile. Les
systèmes d’information permettent la multiplication de relais, des caisses de
résonance partout dans le monde, y compris dans les pays les plus liberticides.
Les notions de frontière et de souveraineté nationale dans ce contexte, volent
en éclats. Une minorité de citoyens de tous les pays est capable aujourd’hui
de cliquer « climate change » sur Internet et de lire le rapport du GIEC. Un
mouvement spontané peut se développer dans le monde, initié par cette minorité,
interpellant au moins les responsables politiques et économiques sur leurs
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA