Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Biotechnologies, progrès
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individus et les entreprises est le pendant de la lutte pour la vie dans la nature
sauvage. A ce titre, le capitalisme et le libéralisme sont la forme naturelle,
normale, de l’organisation de la société. C’est un peu ce qu’avait en tête Francis
Fukuyama lorsqu’il y a 13 ans de cela, à la chute du mur de Berlin, il publia ce
livre célèbre : « La fin de l’histoire et le dernier homme » 62 . Dans cet ouvrage, il écrit
qu’enfin le monde entier en est à sa forme naturelle d’organisation et, en ce sens,
que l’histoire a atteint son terme, son but, qu’elle est terminée. C’est une thèse
assez ridicule, qui valut pourtant à son auteur une belle notoriété. Ridicule,
puisque, même si on accepte l’assimilation de la société libérale au phénomène
naturel de survivance du plus apte, l’évolution qui en est la conséquence n’a,
quant à elle, pas de fin.
La révolution biologique
et l’invention des lois universelles de Mendel
Darwin n’a aucune idée du mécanisme qui engendre la diversité des êtres.
Celui qui acquerra les premiers éléments nécessaires à la compréhension de
ce phénomène est un moine, Gregor Johann Mendel. Il a été accepté dans
un couvent de Moravie dont le père supérieur est lui-même scientifique. Ce
couvent accueille des moines ayant la foi, bien sûr, mais aussi capables de
mener des recherches de qualité. Et c’est ce que fera Mendel pendant plus de
10 ans en travaillant sur l’hybridation végétale, c’est-à-dire la manière dont
évoluent, au fil des générations, les caractères de deux plantes parentales qui
ont été croisées. Mendel observe que lorsque l’on croise des pois lisses et des
pois ridés, à la première génération, tous les descendants sont lisses. Quand
on prend des mâles et des femelles de ces descendants lisses de première
génération et qu’on les croise, à la génération d’après, 1/2 des pois sont lisses et
1/2 sont ridés. Le moine biologiste fait des observations similaires concernant
la couleur des fleurs de cette plante. Il en conclut que les caractères héréditaires
sont transmis de manière discontinue à partir d’éléments héréditaires
qui viennent du mâle et de la femelle. Par exemple, il explique l’expérience
sur les caractères ridés et lisses de la manière suivante : le caractère lisse et le
caractère ridé, quand ils sont conjoints, n’expriment qu’un phénotype lisse (le
grain est lisse) car l’élément lisse domine l’élément ridé. Les espèces parentales
diploïdes (possédant deux copies de chaque gène) sont de génotypes lisse/lisse
et ridé/ridé ; les descendants (F1) sont lisse/ridé, avec un phénotype lisse. Le
croisement entre eux de ces hybrides de première génération doit donner 1/3
de grains lisse/lisse ; 1/3 lisse/ridé, qui seront lisses ; et 1/3 de ridé/ridé, qui
seront ridés. Telles sont les lois de la génétique.
On a dit que les lois de la génétique, publiées la première fois en 1865, n’ont
pas beaucoup ému la communauté scientifique. C’est vrai et faux à la fois. Les
62 Flammarion, 1992.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA