Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

De nouvelles politiques agricoles
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L’accroissement des prix agricoles
L’accroissement des besoins alimentaires et non alimentaires, les limites
de surface cultivable à long terme, et la nécessité de conserver des espaces de
biodiversité dessinent à long terme une rareté de la terre. La rareté des ressources
pétrolières dessine par ailleurs un accroissement des coûts des engrais. Ces
deux raisons créeront vraisemblablement les conditions d’une hausse tendancielle
historique des prix agricoles, ceci après que l’on ait observé une tendance
séculaire à la baisse en raison des gains historiques de productivité. Certains
pensent que la hausse spectaculaire des prix des céréales observée en 2007 est
annonciatrice de cette tendance. C’est assez peu probable puisqu’elle résulte
d’abord d’une conjoncture liée à des stocks bas et à une sécheresse en Australie et
des désordres climatiques en Europe, sauf si on admet qu’avec le réchauffement
climatique de tels incidents deviendront en quelque sorte la nouvelle norme, en
incluant les probables perturbations récurrentes issues des déplacements lourds
de température des eaux du Pacifique (phénomène dit « El Nino »).
Mais deux autres variables de moyen et long terme tirent les prix à la hausse :
l’accroissement de la demande chinoise, et la demande en biocarburants. Tous
ces arguments vont dans le sens d’une hausse ; ils vont aussi dans le sens d’une
instabilité. Mais on peut aussi imaginer des renversements momentanés de
situation, par exemple, celui qui résulterait d’un crash financier et d’une crise
économique en Chine aboutissant à une réduction forte de la demande et une
rupture de la croissance mondiale. S’il est difficile de se prononcer sur un sujet
aussi délicat, on peut cependant facilement imaginer, qu’en même temps qu’une
tendance haussière à très long terme, se dessine une tendance à l’accroissement
des fluctuations de prix au fur et à mesure que le marché mondial prendra de
l’importance et que s’additionneront les variables créant des possibilités de
fluctuation.
Une nouvelle compétitivité
Si le marché international prend de l’importance, si par ailleurs il y a plus
de fluctuations dans les prix, si enfin le changement climatique modifie le statut
d’exportateur et d’importateur de vastes régions du monde, alors le débat sur
la compétitivité et les règles de celle-ci dans le cadre international de l’Organisation
Mondiale du Commerce (OMC) devraient évoluer. En effet, on peut
difficilement imaginer que seule la compétitivité « coût » soit prise en compte
dans les négociations, et même que celle-ci se fasse dans un contexte où seraient
tolérées de fortes distorsions monétaires (compétitivité « monnaie »). La
compétitivité « sociale » due aux disparités dans les niveaux de salaires devrait
logiquement être de plus en plus prise en compte en termes de parité de pouvoir
d’achat. Et surtout, la compétitivité « environnementale » devrait intervenir afin
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA