Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Relever ensemble les défis écologiques
89
en commun ou en vélo dans un trajet de banlieue à banlieue, alors que ce sont
précisément ces trajets qui augmentent. Il y a et il y aura de plus en plus de
déplacement en grande périphérie où la voiture règne en toute puissance, sans
compétition réelle.
Notons que si la France et l’Europe occidentale sont entrées dans une
phase de maturité concernant la circulation automobile, il en va complètement
différemment des pays émergents qui vivent une croissance exponentielle de
leur parc de véhicules et de leurs projets d’infrastructures. Les projections de la
circulation en 2030 donne le vertige. Encore une fois, l’enjeu est bien davantage
dans la motorisation et dans les performances environnementales des véhicules
qui inonderont demain les marchés chinois et indiens.
Peut-on attendre tranquillement la hausse du cours du baril ? Allons-nous y
ajouter une taxe afin d’accélérer la désintoxication et financer le développement
de modes de transports « doux » partout dans le monde ? Ce débat fait rage
en ce moment mais semble se heurter à des décennies d’organisation de la ville
complètement dédiée à l’automobile. Comment détricoter cet écheveau sans
mettre à mal la compétitivité des modes de transports qui sont au cœur de la
croissance ?
L’usage de la voiture va aussi changer. C’est davantage le service attaché à
la voiture que sa propriété elle-même qui va compter dans une société engagée
toute entière dans un plan massif de réduction des émissions de CO 2
. Pourquoi
avoir en ville une voiture qui monte jusqu’à 130 km/h alors que la vitesse est
limitée à 50km/h ? A terme, la ville appartiendra à des véhicules plus légers et
moins rapides, aux véhicules partagés. L’usage de la voiture, notamment dans
les pays occidentaux, sera plus raisonné. Pendant toute la phase de transition de
vingt ans, le coût des carburants y aidera aussi.
Demain, notre voiture aura une motorisation hybride, elle roulera à la pile
à combustible, aux biocarburants de deuxième génération, elle se raccordera au
réseau électrique. La technologie verte au sein de la voiture représente un gisement
d’économie de gaz à effet de serre accessible, à des coûts raisonnables. A l’instar
de ce qui est observé dans le bâtiment, les voitures de demain seront beaucoup
plus propres à l’horizon 2030. Mais elles seront aussi beaucoup plus nombreuses
et le taux de renouvellement du parc ne permettra pas de faire bénéficier des
technologies les plus avancées à ceux qui accèderont à l’automobile.
Si les avancées technologiques sont acquises pour la construction et les
véhicules terrestres, il reste le secteur du transport aérien et celui de la production
énergétique où les autres gains de CO 2
sont beaucoup plus aléatoires à l’horizon
2030.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA