Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Relever ensemble les défis écologiques
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les lois naturelles. L’urbanisation, la surexploitation des sols, la déforestation,
la pollution font disparaître des espèces vivantes de leurs habitats, poissons,
animaux, plantes, à un rythme proprement vertigineux analogue à celui des
cinq grandes extinctions géologiques. Pourquoi nous ne le croyons pas ? Tout
simplement parce que nous ne le voyons pas. Quel enfant élevé en ville peut
aujourd’hui citer plusieurs noms d’arbres ou d’oiseaux ? Nous sommes à la
fois trop éloignés de la nature et trop cloisonnés dans nos outils d’analyse. Les
atteintes à l’environnement restent encore largement invisibles, nos perceptions
ne permettent pas à notre instinct de survie de s’alarmer sur la dégradation
de notre milieu. Ce phénomène d’emballement est pourtant de plus en plus
rapide. La crise de la biodiversité est directement liée à l’artificialisation des
milieux naturels, à la diminution de l’espace, la fragmentation du paysage, le
mitage des forêts. Une course de vitesse est engagée entre le déplacement des
zones climatiques et les capacités de dispersion des espèces, y compris l’espèce
humaine, c’est-à-dire leur capacité de migrer pour s’adapter. La disparition de
la biodiversité animale et végétale va être encore accélérée par la compétition
entre les espèces pour l’accès aux ressources. Les communautés seront moins
nombreuses et plus désorganisées. Einstein ne disait-il pas que si les abeilles
disparaissaient, l’humanité en avait pour quatre ans ?
La Terre a déjà subi cinq extinctions majeures d’espèces vivantes et les
signes précurseurs d’une sixième extinction sont détectés. Selon les experts de
la biodiversité, la dimension spatiale, la dimension temporelle et la vitesse de
cette dispersion des espèces est tout à fait inédite depuis les 3 derniers millions
d’années de notre terre. Nous ne mesurons plus à quel point nous sommes tous
interdépendants sur cette planète, et nous ne voyons ni ne comprenons tous les
services invisibles que nous rendent les écosystèmes naturels au quotidien ; nous
sommes pourtant embarqués dans la même aventure.
Si l’espèce humaine est menacée, comme les autres dont elle dépend,
l’apparition d’une nouvelle espèce mutante remettra-t-elle en quelque sorte
les compteurs à zéro ? Cela peut paraître de la science fiction mais il existe un
risque sérieux que l’hybridation à terme de l’homme et des nanotechnologies
nous menace en tant qu’espèce. La plus importante révolution technologique
que l’humanité ait jamais inventée est en train d’émerger dans les laboratoires
américains et asiatiques. Nous verrons plus tard que le développement de ces
nanosciences, règne de l’infiniment petit, permettront des applications extraordinaires
sur la modification du vivant et du monde matériel. Ces matériaux
constitués d’atomes, de molécules douées d’intelligence peuvent transformer
complètement les performances de l’homme et sa carte génétique. Nous serons
arrivés à l’horizon 2030 à d’un double point de rupture. La sixième extinction
des espèces coïncidera au moment même au l’homme sera en mesure de muter.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA