Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Biotechnologies, progrès
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Europe, aux femmes la maîtrise de leur fécondité, qui diminuent la pénibilité
du travail. Par maints aspects, le 20 ème siècle n’indique-t-il pas que les espoirs du
progrès ont été exaucés ?
D’un autre côté, c’est aussi le siècle de deux guerres mondiales cruelles,
de deux génocides (au moins), de la pollution, de la bombe atomique,
d’Hiroshima et de Bhopal… On s’est rendu compte que le bonheur humain
restait toujours une quête inaboutie et il est bien difficile d’affirmer qu’au
lendemain de ce brillant 20 ème siècle, il soit plus à portée de la main qu’à la fin
des siècles précédents. Une contradiction absolue semble exister entre l’imposition
mondiale d’un modèle unique américano-européen de développement,
moteur et conséquence de la mondialisation culturelle et économique qui
marque le tournant du siècle, et l’impossibilité totale de réaliser un tel objectif.
Tous les peuples du monde, ceux qui sont plutôt hostiles aux Etats-Unis
aussi bien que leurs alliés les plus sûrs, veulent atteindre les standards de vie
américains. Les puissants moyens de communication moderne s’emploient,
pour d’évidentes raisons de compétition économique, à propager ce mirage.
Le Progrès constitue véritablement l’utopie d’aujourd’hui. Cependant, ce
« way of life » américain n’est bien entendu pas généralisable ; s’il l’était, ce
serait la fin rapide de la planète. Chaque citoyen américain consomme, en
moyenne, 5 000 m 3 d’eau renouvelable par an. Or, si les réserves de ce précieux
liquide étaient également réparties, elles ne fourniraient au maximum que
2 000 m 3 par terrien. De plus, les réserves de la plupart des pays du Sud
sont inférieures à 500, parfois à 200 m 3 /habitant. Les quelques 300 millions
d’Américains, soit un vingtième de la population du globe, consomment un
quart de l’énergie mondiale. En d’autres termes, le processus dit de « globalisation
» aboutit en fait à la création d’un désir aussi vif qu’impossible à assouvir.
Les conséquences d’une telle contradiction sont connues : frustration, révolte,
violence, terrorisme... Si bien qu’a été remis en question l’idéal du progrès des
connaissances et des techniques, qui, finalement, ne constitue pas obligatoirement
un progrès pour l’homme.
L’homme est libre et naïf à la fois
L’analyse des ressorts de cet optimiste progressiste, qui a mené à une relative
impasse, nous laisse interrogatifs. Qu’est ce qui a cloché ? Qu’est ce qui n’était
pas crédible dans cette foi de charbonnier en les perspectives du Progrès.
Premièrement, il existe une ambivalence évidente de la science, magnifiquement
illustrée par un des épisodes les plus glorieux de la recherche au profit de l’agriculture.
En 1918, Fritz Haber reçoit le prix Nobel de chimie, pour des travaux
qui vont sauver des millions, voire des milliards de personnes. Ce grand chimiste
allemand est un bienfaiteur de l’humanité. On lui doit la synthèse industrielle de
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA