Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

66
Les défis de l’agriculture mondiale
charbon de plus en plus attractif pour un nombre croissant de pays. En l’absence
d’une énergie propre qui puisse remplacer rapidement le pétrole ou le gaz, le
charbon apparaît comme une alternative facile et immédiate. Cette technologie
est parfaitement maîtrisée, beaucoup plus performante aujourd’hui qu’au temps
de Germinal. Les partisans du retour du charbon ont étudié le problème des gaz
à effet de serre et insistent sur la possible capture des émissions de dioxyde de
carbone émis par la combustion. Précisons que cette capture reste pour l’instant
tout à fait théorique. Ce grand retour du charbon est également motivé par des
questions de géopolitique. Ainsi, pour certains pays, notamment d’Europe de
l’Est, cette solution permet d’atténuer leur totale dépendance au gaz russe.
Pour la Chine, comme nous l’approfondirons plus loin, le charbon est tout
simplement la ressource énergétique fondamentale qui fait tourner à plein régime
le moteur de l’économie. En moyenne, ce pays met en service une nouvelle
centrale à charbon chaque semaine pour répondre à sa demande croissance en
énergie. Il représente en effet 68 % de son bilan énergétique primaire contre une
moyenne mondiale de 26 % et il a fourni environ 80 % de l’électricité chinoise.
Le pays est ainsi le 1 er producteur et consommateur de charbon au monde. Pour
satisfaire sa demande de charbon, il peut s’appuyer sur quasiment 12 % des
réserves mondiales, les troisièmes derrière les Etats-Unis et la Russie. Rien ne
semble devoir endiguer cette situation même si la conscience environnementale
des chinois s’aiguise régulièrement. Les autorités s’intéressent donc de manière
accrue aux technologies limitant les émissions nocives sans renoncer à leur
priorité qui reste la production massive d’électricité et donc de charbon pour ne
pas freiner l’économie chinoise à court terme.
Aujourd’hui, 40 % des émissions de CO 2
d’origine humaine sont dues
au charbon, autant que pour le pétrole (les 20 % restant reviennent au gaz).
40 % de l’électricité planétaire provient des centrales à charbon. Il ne s’agit
absolument pas d’une énergie du passé ou réservée aux pays en développement.
Ainsi, l’Allemagne, ayant renoncé au nucléaire, va probablement augmenter sa
consommation de charbon tandis que les Etats-Unis investissent massivement
dans trois usines de liquéfaction pour en faire du carburant de synthèse. Il est
utile de souligner que, certes abondant, le charbon n’en est pas moins épuisable,
surtout si la demande explose. Tous les scientifiques sont formels : pour éviter la
catastrophe climatique, les émissions mondiales de CO 2
doivent avoir diminué
de moitié d’ici 2050. A l’inverse, si nous consommons tout le charbon accessible,
la température planétaire pourrait monter de plus de 10°C à moyen terme.
Sur le plan du réchauffement climatique, le retour du charbon est d’ores et
déjà une catastrophe. Pour d’autres, il existe une autre vision d’apocalypse : le
retour en grâce de l’énergie nucléaire, et ce, comme nous le verrons plus loin,
pour des raisons tout à fait différentes.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA