Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
engagements en matière de climat. Quant à imaginer que tous les citoyens de la
Terre, dans le même élan, se mettent à réclamer un quota carbone individuel, il
faudra non pas un réchauffement mais une ébullition climatique.
Prométhée ou la Métamorphose
Et si la démocratie échouait ? Si aucun modèle de gouvernance ne pouvait
émerger à temps pour freiner la consommation de 7 milliards de personnes et
imposer les solutions éthiques et pacifiques de développement ? Si nous n’étions
in fine pas capables, malgré tout notre héritage philosophique et humaniste, de
créer des systèmes coopératifs à l’image de ceux qui existent à l’état naturel ?
Rappelons qu’il est plus facile d’inventer de nouvelles technologies que de
devenir des êtres de sagesse, conscients d’une destinée commune. Alors nous
continuerons à faire ce que nous savons bien faire depuis plus de 2 000 ans,
c’est-à-dire la guerre et des machines.
L’obsession technologique…
Par facilité, nous investirons tous nos efforts dans la recherche de nouvelles
techniques dans le seul domaine que nous maîtrisons : le domaine technicoscientifique-économique.
Nous nous engouffrerons dans cette voie car nous
sommes des êtres de désir et non de sagesse, nous voulons accroître nos
connaissances, repousser nos limites, tendre vers l’immortalité. Tout ce qui est
impossible aujourd’hui sera possible demain. C’est pourquoi cet ordre technique,
bien structuré et cohérent, est incapable de se limiter lui-même. Il n’y a aucune
raison scientifique d’arrêter le progrès des sciences, aucune raison technique de
limiter notre champ d’expérimentations. Si bien que, si on laisse cet ordre à sa
seule spontanéité intrinsèque, chacun devine ce qu’il adviendra : on en saura de
plus en plus, et c’est tant mieux. Mais surtout, et c’est plus inquiétant, tout ce
qui est techniquement possible sera fait. Sans l’ombre d’un doute, nous pourrons
climatiser la terre et la mettre sous cloche ou, pour certains d’entre nous, partir
en orbite quand la terre sera trop polluée.
Nous connaîtrons évidemment des sauts technologiques géants sur les
nanotechnologies, les biotechnologies et les systèmes d’information. Les
nanotechnologies en particulier révolutionnerons notre économie et notre
environnement, pour le meilleur et pour le pire. Ces puces issues du mariage de
l’électronique et de la biologie, infiniment minuscules, sauront doter d’intelligence
tous nos objets inanimés et doper toutes les fonctions humaines en s’implantant
dans notre chair. Des avancées formidables seront réalisées en matière de
handicap mais la frontière sera floue entre réparation et amélioration perpétuelle.
Nous saurons étirer l’espérance de vie, réparer le corps humain, le rendre plus
performant et plus jeune. L’homme en transcendant ses limites deviendrait alors
son propre créateur. Une partie infime et privilégiée de l’humanité pourra s’offrir
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA