Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Le monde pourra-t-il nourrir le monde ?
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Unité et diversité
Me situant dans la perspective de la globalisation que je viens d’évoquer, la
première alternative est un binôme : « unité et diversité ».
La globalisation, c’est faire que le monde soit UN marché. Or, il se trouve
que la nature n’étant pas homogène mais très diverse, les agricultures le sont
également. Mis à part le niveau de progrès réalisé ici ou là, on ne pourra pas faire
la même chose partout. On produira plus dans les zones irriguées que dans celles
qui ne le sont pas, même s’il y pleut.
A-t-on le droit de mettre en place un système de développement global du
monde qui aurait tendance à détruire une partie des agricultures du monde qui
sont prisonnières de la nature dont elles ont hérité ?
Il y a là une réflexion politique, voire philosophique, à conduire. La recherche
de l’unité, qui est raisonnable et prometteuse à bien des égards, ne doit pas
aboutir à la destruction de cette diversité que j’affirmais tout à l’heure par cette
phrase : le monde a besoin de toutes les agricultures. On ne peut pas les traiter de
la même façon. On ne m’a pas habillé comme mon frère qui mesure 1,70 mètre.
Il ne faut donc pas forcément du sur-mesure, mais néanmoins une confection
qui tienne compte de la réalité des diversités extrêmes à travers le monde, ce qui
est un vrai problème.
Besoins réels et besoins solvables
Une autre alternative est une définition plus stricte que celle que j’ai donnée
tout à l’heure sur le concept de besoin.
Interrogé sur la nécessité de tenir compte de la situation dans certaines
régions du monde et sollicité de prendre une décision laissant plus de place à
la diversité du monde, le président George Bush père a répondu : « Jamais au
détriment du niveau de vie américain ! ».
Si les riches prétendent continuer à accaparer la richesse du monde, alors
nous ne nourrirons pas le monde, et eux-mêmes ne seront plus en sécurité car le
temps de la soumission est terminé !
Un autre problème qui n’est pas celui de l’eau (encore que l’irrigation des
gazons pose problème) : l’énergie. Il est frappant de voir que nous prenons
l’habitude de vivre à contre-température. Des climatiseurs sont installés
pratiquement dans toutes les maisons des villes des Etats-Unis ! Nous avons
peur de la chaleur, nous nous réfrigérons en été. Nous avons peur du froid, nous
nous chauffons.
Promenez-vous à New York, Paris, Londres ou Berlin, les immeubles restent
éclairés toute la nuit ! Est-ce une nécessité esthétique ? Est-ce pour la sécurité ?
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA