Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

Biotechnologies, progrès
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idéal ». Condorcet voit le Progrès comme « la marche de l’humanité, d’un pas ferme et
sûr, sur la route de la vérité, du bonheur et de la vertu ». C’est sans doute lui qui chante
le progrès en utilisant les termes les plus lyriques ; il est l’homme des lumières
par excellence. Le Progrès, c’est la conviction que la raison humaine, qui assure
le progrès des connaissances, sera par là le moyen du progrès technique et
économique et que, nécessairement, tout cela est promesse d’un accroissement
des possibilités de l’épanouissement humain et de perfectionnement des sociétés.
Le progressisme est la foi en la nécessité, en l’inéluctabilité d’une évolution
concertée de tous ces progrès des connaissances, des techniques et de l’économie,
vers un plus grand bonheur.
Historiquement, cette idée de Progrès inclut plusieurs composants.
Premièrement la science. Il est tout d’abord important de repréciser que la
technique a précédé la science de plusieurs millions d’années. Cela fait au moins
2 millions d’années que l’homme sait utiliser les outils, principalement des outils
de pierre. Il n’y a d’ailleurs pas que l’homme puisque le singe se sert, lui aussi,
d’outils rudimentaires. Il existe même des oiseaux, de la famille des corneilles,
qui possèdent une grande capacité mentale et sont capables de se fabriquer des
outils pour attraper leur proie. Bien entendu, ni les animaux, ni même l’homme
jusqu’il y a peu de temps, n’ont jamais mis la science au service de la technique.
La technique est en quelque sorte donnée. Elle est l’irruption d’une évidence
acquise par la confrontation de l’homme à l’expérience. Après de multiples
essais servis par une intuition, on parvient à une maîtrise qui est ensuite léguée
aux générations futures sans qu’aucun processus mental logique ne soit mobilisé
pour comprendre les phénomènes en cause. La science peut être définie comme
un exercice de l’esprit dont le but est de connaître les lois de la nature à l’aide
d’une démarche intellectuelle, rationnelle, utilisant les méthodes de la logique,
fondée sur l’observation, l’hypothèse, l’expérience et le dépouillement de ses
résultats, la déduction, l’induction de nouvelles hypothèses et ainsi de suite.
Le tout aboutissant à des énoncés scientifiques dont la caractéristique est
d’être vérifiable ou réfutable par une méthode elle aussi rationnelle et logique. La
science selon cette définition est relativement neuve dans l’histoire de l’humanité.
La première fois que l’on trouve la preuve d’une démarche scientifique, c’est
là encore dans une région du monde où presque tout commence, l’agriculture
bien sûr, mais aussi la science, dans l’actuel Irak (anciennement Mésopotamie).
Datant d’il y a 5 500 ans, on a découvert des tablettes d’argile sur lesquelles
on retrouve en pictogrammes, écriture précédant la cunéiformes, des problèmes
dont la solution requiert la maîtrise des équations du second degré à deux
inconnues, probablement des exercices préparés pour les écoliers mésopotamiens
de l’époque. Cela ne saurait procéder d’une autre démarche que scientifique.
Mais on n’a pas trouvé de texte évoquant cette méthode de pensée. Ce sont les
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA