Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage
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Le mon<strong>de</strong> pourra-t-il nourrir le mon<strong>de</strong> ?<br />
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C’est-à-dire qu’une augmentation <strong>de</strong>s prix doit être pratiquement divisée par<br />
cinq puisque le prix du produit représente moins du cinquième. Deuxièmement,<br />
dans le prix payé par le consommateur, la somme qui revient aux agriculteurs ne<br />
représente qu’un pourcentage très faible. C’est un calcul très compliqué.<br />
Je m’explique. Prenons le budget <strong>de</strong>s ménages en faisant le décompte <strong>de</strong>s<br />
dépenses (le loyer, le transport, la santé, etc.). L’alimentation ne représente<br />
qu’environ 15 %. L’augmentation qui serait introduite sur le prix, ne porterait<br />
donc que sur 15 % du budget <strong>de</strong>s ménages. Mais le prix du produit alimentaire<br />
que vous achetez, correspond-il à la rémunération <strong>de</strong> l’agriculteur ? Seulement pour<br />
20 % étant donné qu’entre le prix départ ferme et le prix à l’arrivée consommateur<br />
(cf. l’exemple <strong>de</strong>s bouteilles), le rapport est <strong>de</strong> 1 à 4 ou <strong>de</strong> 1 à 5. En définitive,<br />
l’augmentation mathématique ne représente que quelques points pour cent.<br />
J’ajoute que parmi les produits qui sont consommés, les produits subventionnés ne<br />
représentent qu’un pourcentage, important sans doute, mais pas total. Autrement<br />
dit, l’augmentation <strong>de</strong>s prix pour arriver au niveau <strong>de</strong> rémunération <strong>de</strong>s agriculteurs<br />
au coût intérieur, ne représente qu’une inflation <strong>de</strong> 2,5 ou 3 %.<br />
Pour mettre <strong>de</strong> l’ordre dans le marché mondial et arriver à un accord mondial,<br />
serait-il possible <strong>de</strong> faire subir à l’économie interne <strong>de</strong> l’Europe, une augmentation<br />
<strong>de</strong> 3 ou 3,5 % ? De l’avis <strong>de</strong>s économistes les plus distingués, cela pourrait<br />
très bien se gérer.<br />
Le problème est donc celui-ci : vaut-il la peine d’imposer aux consommateurs<br />
une augmentation <strong>de</strong>s prix qui est, non pas insignifiante, mais faible, en échange<br />
d’une mise en ordre du système général qui comman<strong>de</strong> la rémunération <strong>de</strong>s<br />
agriculteurs et l’équilibre <strong>de</strong> nos marchés intérieurs ? Ma réponse est oui.<br />
Cela étant, je veux dire avec force que dans le livre que j’ai écrit, ma proposition<br />
n’est pas la partie la plus importante. <strong>Les</strong> analyses, que personne n’a contestées<br />
sur aucun point, entraînent et exigent la définition d’une autre politique et celle<br />
que je propose est l’une <strong>de</strong>s politiques possibles. Personnellement, je n’en vois<br />
aucune autre. Pour autant, je ne dis pas parce que j’ai écrit ce que j’ai écrit sur<br />
la consommation et sur bien d’autres choses, qu’il faut adopter ma politique. Je<br />
dis, parce que ce que j’ai constaté et mis en lumière est vrai, qu’il faut repenser<br />
la politique et peut-être, si nous acceptons <strong>de</strong> la repenser et d’en débattre, le<br />
problème trouvera une autre solution que celle que je propose.<br />
J’ai également introduit une clause complémentaire : le réexamen et la<br />
réévaluation <strong>de</strong> la politique agricole tous les dix ans.<br />
Ceci m’amène à revenir sur cette évi<strong>de</strong>nce : une politique qui a réussi doit être<br />
changée. Car une politique qui a réussi, a changé le mon<strong>de</strong>. Et si le mon<strong>de</strong> est<br />
différent, il faut lui appliquer une politique différente.<br />
<strong>Les</strong> <strong>défis</strong> <strong>de</strong> l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA