Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
la nourriture, ils auraient réussi à supplanter l’autre espèce. Les différences
biologiques ne seraient pas en cause, c’est la supériorité « culturelle » qui a
permis à nos ancêtres Homo sapiens de s’imposer.
Le krach écologique pose le débat « techno anthropologique ». Devant ses
perspectives déjà matérialisées dans nos éprouvettes, la question est clairement
de savoir ce qu’est fondamentalement l’essence de l’être humain. Ce sujet a déjà
alimenté tous les livres de science fiction depuis les années 1950. Sauf que cette
question se pose aujourd’hui avec une acuité particulière. Au moment même où
l’homme aura rendu la planète impropre à sa survie, il sera en mesure non pas de
migrer sur une autre planète pour continuer à y vivre mais de muter, de devenir
une autre espèce, pour annuler les limites physiques du temps et de l’espace. Si
nous changeons notre métabolisme et nos gènes, la question de la compatibilité
des ressources pour mourir l’homme se déplace complètement. Nous changeons
notre empreinte écologique. Mais paradoxalement nous ne deviendrons pas plus
légers pour autant, au contraire, nous nous enfoncerons dans l’impasse technologique.
En effet, cette mutation ne résout toujours pas la question du sens, elle la
déplace et l’obscurcit davantage. Combien d’entre nous seront sauvés par cette
technologie, à quel prix et surtout pour quoi faire ? L’ordre technique et scientifique
qui dominera toujours le monde ne pourra pas davantage y répondre.
« Les savants ne sont arrivés à rien malgré toutes leurs tentatives de résoudre
l’énigme. Ils n’ont fait que pousser plus loin le problème, que le faire paraître
plus insondable encore. Nous avons un mental de dinosaures » (Henry Miller).
Si le rêve le plus cher de certains hommes est de doper leur horloge biologique
et de s’affranchir du rythme des saisons, la nature en retour nous le rend bien et,
malgré toutes nos projections anthropologiques, ne fait pas grand cas de nous.
Les lois de l’évolution ne convergent pas vers l’homme, elle sont passés par
l’homme et peuvent tout à fait continuer leur chemin indépendamment de nous.
Il y aura une autre espèce dominante, peut-être une nouvelle espèce d’homme
machine, peut-être des insectes plus résistants au chaud.
Mais alors, comme le dirait Hubert Reeves, qui prendra soin de nos
Stradivarius, de la chapelle Sixtine, où entendra-t-on rire sur cette planète ? Pour
la dernière fois, est-on absolument sûr de bien vouloir cela ?
… Ou la Métamorphose
Il serait aberrant de nier la contribution majeure de la science et de ses
inventions au progrès de l’humanité. L’observation scientifique est même
indispensable à la compréhension du monde. Nous pouvons remercier les
scientifiques du GIEC ne nous avoir alertés, plus efficacement qu’un ardent
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA