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Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Biotechnologies, progrès<br />

163<br />

nécessité <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong>s lignages humains. La mise en œuvre <strong>de</strong> politiques<br />

eugéniques aboutira à la stérilisation <strong>de</strong> centaine <strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> personnes dans<br />

le mon<strong>de</strong>. Cette effervescence idéologique est l’une <strong>de</strong>s conséquences du progrès<br />

<strong>de</strong>s sciences biologiques aux 19 ème et 20 ème siècles, la théorie <strong>de</strong> l’évolution<br />

<strong>de</strong> Jean-Baptiste Lamarck et Charles Darwin, et la découverte <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> la<br />

génétique par Gregor Men<strong>de</strong>l en 1865, et surtout leur redécouverte, dès 1900.<br />

L’ambivalence <strong>de</strong>s pouvoirs dont l’homme se dote apparaît irréductible dès<br />

lors que cet être étrange se revendique comme libre. Qu’implique la liberté ?<br />

D’abord <strong>de</strong> pouvoir se poser la question <strong>de</strong> l’usage que l’on veut faire <strong>de</strong>s<br />

pouvoirs que l’on acquiert, en particulier, grâce à la maîtrise <strong>de</strong> la science.<br />

Imaginons une humanité, développant ses savoirs et ses pouvoirs mais, pour<br />

quelle que raison que ce soit, n’ayant la possibilité <strong>de</strong> les utiliser qu’au bénéfice<br />

<strong>de</strong>s autres, du reste <strong>de</strong> l’humanité, un homme préprogrammé pour faire le bien,<br />

en quelque sorte. Ce serait rassurant et magnifique. Mais incompatible avec la<br />

revendication <strong>de</strong> la liberté. D’ailleurs, si faire le bien n’est pas le résultat d’une<br />

décision mais un phénomène <strong>de</strong> nature, cela cesse d’être le bien. Car pour qu’il<br />

existe, il faut que l’on puisse faire le mal. L’un ne va pas sans l’autre. <strong>Les</strong> tourterelles<br />

qui roucoulent d’amour l’une pour l’autre à longueur <strong>de</strong> journée ne sont<br />

pas <strong>de</strong>s animaux foncièrement bons, c’est leur nature. Pas plus que n’est mauvais<br />

et méchant le féroce crocodile qui déchiquette une antilope dans le marigot. Là<br />

encore, il y est contraint par sa nature.<br />

C’est parce que l’homme se veut libre et qu’il peut agir au bénéfice ou au<br />

détriment <strong>de</strong>s autres, qu’il peut faire le bien ou le mal, que ceux-ci existent,<br />

fondant l’ambivalence essentielle <strong>de</strong> la technique et <strong>de</strong> la science. Sans doute le<br />

premier outil en pierre taillée à avoir été fabriqué a-t-il permis d’améliorer les<br />

conditions <strong>de</strong> subsistance <strong>de</strong> son concepteur et <strong>de</strong> sa famille mais a aussi servi à<br />

fracasser le crâne du voisin.<br />

La Science peut-elle amener le bonheur ?<br />

Il y a quelque chose d’étrange dans l’optimisme selon lequel la science et<br />

la technique portent obligatoirement en germe le bonheur <strong>de</strong> l’humanité. A la<br />

limite, pour que cette vision soit plausible, il faudrait un mécanisme qui explique<br />

pourquoi. L’homme ne peut utiliser son pouvoir qu’au profit <strong>de</strong>s autres.<br />

<strong>Les</strong> hommes <strong>de</strong>s lumières du 18 ème siècle, notamment presque tous les révolutionnaires<br />

français, croyaient sous une forme ou sous une autre, au grand <strong>de</strong>ssein<br />

<strong>de</strong> « l’architecte <strong>de</strong> l’univers ». <strong>Les</strong> francs-maçons en parlent encore. Voltaire l’appelait<br />

« le grand horloger ». Robespierre <strong>de</strong> son côté consacrait <strong>de</strong>s fêtes pompeuses au<br />

Champs <strong>de</strong> Mars, à « L’être suprême ». On peut imaginer par conséquent qu’existe<br />

une divinité, quel que soit le nom qu’on lui donne, dans les <strong>de</strong>sseins <strong>de</strong> laquelle<br />

se trouve l’utilisation par l’homme <strong>de</strong> ses pouvoirs à son bénéfice et au bénéfice<br />

<strong>Les</strong> <strong>défis</strong> <strong>de</strong> l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA

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