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Les défis de l’agriculture mondiale
Les conséquences de la hausse du cours de l’énergie
La hausse des prix du pétrole va d’abord se manifester sur le coût des
opérations culturales motorisées : labour, passages répétés d’outils de travail
du sol, d’épandage d’engrais, ou de traitements sanitaires. La dépense d’énergie
utilisée pour le labour pourrait apparaître, dans ce contexte de hausse des prix du
pétrole, comme de plus en plus extravagante. Cela va donc concourir à développer
les techniques de non labour, de semis direct et de couverture végétale.
Cette hausse des prix de l’énergie va ensuite accroître de façon importante
les prix des engrais azotés. Les engrais azotés sont en effet obtenus à partir du
gaz naturel dont le prix s’accroît parallèlement à celui du pétrole. Par ailleurs
leur fabrication réclame de hautes quantités d’énergie, deux raisons qui devraient
augmenter considérablement les prix et donc les coûts de production agricole ;
en grande culture ils en représentent déjà une part importante.
Quant aux engrais à base de phosphates de potasse, ils devraient aussi subir
un accroissement des coûts de transport : ce sont en effet des matières très
pondéreuses issues de gisements qui se situent assez loin des zones d’utilisation.
De plus, ces gisements sont limités et dans les décennies qui viennent, au moins
pour les phosphates, les coûts d’extraction devraient s’accroître de façon significative.
À beaucoup plus long terme, l’échelle de quelques siècles, ces engrais
pourraient devenir très rares. C’est une des raisons qui incitent à chercher des
techniques alternatives de fertilisation minérale dans les régions de grande
culture.
Un autre enjeu du futur : la rareté de la terre
Une nouvelle rareté apparaît dès aujourd’hui avec la mise en culture de
nouvelles terres en fonction du marché des agrocarburants. En même temps,
la tension sur l’offre en céréales sur le marché international et l’accroissement
exceptionnel des prix de celles-ci, peuvent relancer une course à la terre pour
les produire. Enfin, dans beaucoup de grandes plaines productives du monde,
l’espace urbain conquiert de façon très rapide l’espace agricole. Le phénomène
est particulièrement visible en Asie où la compétition entre la ville et la campagne
conduit à des réductions notables de l’espace agricole productif.
Il devrait en résulter un accroissement du prix de la terre un peu partout dans
le monde. L’achat de cette terre par les jeunes agriculteurs qui s’installent devrait
être plus difficile. Enfin, la terre pourrait redevenir attractive pour des capitaux
extérieurs qui cherchent à investir, ce qui pourrait modifier considérablement la
relation entre propriétaires et fermiers.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA