Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
pour les agricultures locales en évitant les importations de produits alimentaires
à bas prix venant ruiner périodiquement l’effort de production locale. Notons
que les accords de Marrakech (conclus en 1994 dans le cadre du GATT devenu
OMC) laissent d’importantes possibilités de protection aux pays qui le désirent,
mais que, en revanche, les accords d’ajustement structurel signés avec la Banque
Mondiale sont beaucoup plus restrictifs en matière de protection. Il faudrait
donc en terminer avec ces conditions d’ajustement qui sont adverses au développement
local. Ce point devrait faire l’objet d’un consensus international aussi
bien dans le cadre de l’OMC que dans le cadre de la Banque Mondiale et du
FMI. Le nouveau cadre devrait par ailleurs pouvoir enfin permettre l’élaboration
de politiques nationales et régionales qui ne soient plus dans les mains d’experts
imposant les points de vue des bailleurs de fonds internationaux, mais qui
résulteraient des concertations nécessaires entre les producteurs, les entreprises,
les collectivités locales, les représentants des consommateurs, les organisations
non gouvernementales et l’État. L’enjeu est celui d’une véritable appropriation
intellectuelle des politiques publiques par les acteurs locaux, et d’en finir avec
l’époque où les stratégies locales étaient enfermées dans un grand nombre
d’engagements internationaux quelquefois contradictoires condamnant l’État
d’une certaine façon à l’inaction politique 172 .
Il y aurait par ailleurs de nombreux autres domaines de politique agricole dont
il faudrait parler. On n’insistera ici que sur ceux du crédit et de l’éducation.
L’indispensable développement des marchés financiers ruraux.
Les agricultures familiales des pays en développement ne disposent généralement
que de très peu de capacité d’épargne. Quand elle existe, l’épargne
est généralement sous la forme de stocks de céréales ou d’animaux. Dans les
périodes de bas prix, généralement en raison d’une légère surproduction par
rapport à la demande momentanée, tout besoin monétaire des agriculteurs
se traduit par la nécessité de vendre du stock à bas prix, donc à atteindre
directement le capital de l’exploitation. En période de prix élevé, généralement
en raison d’une pénurie de production par rapport à la demande momentanée,
les stocks sont généralement au plus bas interdisant donc toute vente pour
faire face aux besoins en monnaie pour réaliser certains achats. Ainsi, faute de
marché financier rural, les agricultures pauvres sont rigidifiées par le fait que
n’existe qu’un seul marché, celui des produits agricoles et aucune connexion
avec des marchés financiers. L’existence de circuits d’épargne, de crédit et
d’assurance est une condition indispensable pour que les agricultures familiales
prennent l’habitude de produire des surplus et de les commercialiser. La
création de tels réseaux n’est certes pas simple. Mais les expériences de micro
172 Voir Renforcer les politiques publiques agricoles en Afrique de l’Ouest et du Centre : pourquoi et comment ? V. Ribier et J.F. Le Coq, Notes et Etudes
Economiques NEE n°28, sept 2007, DGPEEI, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, pp45-73.
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA