Les défis de l'agriculture mondiale - Vintage

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Les défis de l’agriculture mondiale
BASF, la tonne de naphta, un dérivé du pétrole, coûtait 600 € en 2006 contre
210 € en 2001. Comme toute désintoxication, celle-ci promet d’être particulièrement
douloureuse. Voici une liste indicative de produits issus de molécules
« carbonées » : fibres, plastiques, solvants, pigments, vitamines, lubrifiants,
nutriments animaux, médicaments, etc. Les éléments de substitution seront
délicats à trouver tant les molécules contenues dans le pétrole sont une glaise
dans laquelle est sculptée tous ces produits qui font notre économie et notre
quotidien.
Le pic du pétrole : mythe ou réalité ?
Ce débat passionné renvoie dos à dos deux catégories d’experts dont l’indépendance
peut sembler parfois douteuse. D’un côté se trouvent ceux qui nous
recommandent de ne pas nous en faire et pensent que nous trouverons toujours
de nouvelles réserves providentielles pour faire face à la demande. Et de l’autre
côté ceux qui soulignent l’incompatibilité actuelle de la consommation de pétrole
avec les ressources disponibles et le climat. Certains prétendent qu’il nous reste
du pétrole encore pour une bonne centaine d’années, d’autres nous prédisent une
rareté inéluctable à brève échéance. Une chose est sûre, les réserves de combustibles
fossiles de la planète sont limitées et, au rythme de consommation actuel,
leur épuisement est déjà inscrit dans le temps. A titre indicatif, on constate que
l’humanité épuise les réserves de combustibles fossiles environ un million de fois
plus vite que ce que la nature a mis pour les constituer. Ce fait est aujourd’hui
reconnu par la communauté scientifique et industrielle.
Mais la question du stock disponible des énergies fossiles, qui alimente les
plus vives polémiques, n’est la bonne façon d’aborder le problème. A l’instar
de la fourchette d’incertitude sur l’élévation de température, il existe une
marge d’incertitude sur l’échéance du pic pétrolier. Cette idée du pic pétrolier
(le moment où les quantités extraites et commercialisées auront atteint leur
maximum et ne pourront plus que décroître) est en fait assez triviale: vous n’avez
droit qu’à une seule tournée. Au début, le verre est plein et à la fin, il est vide.
Et plus vite vous le buvez, plus vite vous le videz. La question du pic pétrolier
n’est donc pas tant liée à un volume donné de réserves mais au rythme avec lequel
nous les siphonnons. Plus nous serons nombreux et plus nous aurons soif, et plus
rapidement nous viderons le verre, quelque soit son volume.
Ainsi, d’un point de vue strictement scientifique, l’ère du pétrole conventionnel,
c’est-à-dire extrait par des méthodes simples, n’est pas terminée. Nous
disposerons au minimum d’une bonne quarantaine d’années devant nous, bien
que les découvertes de gisements de taille significative soient de plus en plus rares
et que la consommation mondiale d’énergie ne cesse d’augmenter dans le monde.
Cependant, d’un point de vue économique, le moment où la dernière goutte de
Les défis de l’agriculture au XXI e siècle - Leçons inaugurales du Groupe ESA